« Mass Effect », « Hitman », « Deus Ex » : le lent déclin des jeux vidéo à gros budget
« Mass Effect », « Hitman », « Deus Ex » : le lent déclin des jeux vidéo à gros budget
Face au peu d’enthousiasme rencontré par les derniers épisodes de « Mass Effect » et d’« Hitman », leurs éditeurs envisagent de se séparer de leurs développeurs.
Créée en 2000 et rachetée par Square Enix en 2009, la saga « Hitman » pourrait connaître ses dernières heures. | Square Enix
Coup dur pour les adeptes des jeux vidéo Hitman et Mass Effect : les deux séries, chères aux joueurs et à la critique, ont connu avec leurs derniers épisodes des ventes décevantes, qui pourraient compromettre leur avenir.
Concernant les aventures de l’Agent 47, le tueur à gages héros d’Hitman, les mauvaises nouvelles viennent d’un communiqué de la société Square Enix, propriétaire depuis 2009 de la série et de son studio de développement.
Justifiant sa décision par de mauvais résultats financiers, la société japonaise annonce en effet devoir se séparer du studio danois IO Interactive, et rechercher activement des repreneurs. Il n’est cependant pas interdit de penser que Square Enix continue d’exploiter l’univers de la série, comme elle l’a déjà fait avec le jeu mobile Hitman Go, sorti en 2014.
Le dernier épisode de la série, paru de façon épisodique entre mars et octobre 2016, pourtant salué par la critique, a eu du mal à rencontrer son public : selon le site SteamSpy, il se serait cinq fois moins bien vendu que l’opus précédent (sur PC tout au moins).
Pour les observateurs, cette décision confirmerait la volonté de Square Enix de réviser sa stratégie concernant ses studios de développement occidentaux : il y a quelques mois déjà, Eidos Montréal, responsable des derniers épisodes des séries très « gameur » Deus Ex et Thief, annonçait travailler désormais sur des jeux adaptés des films Avengers et Les Gardiens de la galaxie, a priori plus grand public.
Très attendu, le dernier « Mass Effect » aura globalement déçu ; la faute à ses approximations techniques et à son écriture en deçà des standards de la série. | Electronic Arts
Erosion des ventes
Si Electronic Arts n’a fait aucun commentaire à ce sujet, son studio, Bioware Montréal, semble confronté à un cas de figure comparable. Porteur il y a quelques mois de tous les espoirs de son éditeur, il se serait vu, d’après les informations du site spécialisé Kotaku, rétrogradé au rang de simple studio « bis », simplement chargé d’apporter un coup de main aux autres filiales du groupe. La plupart de ses employés ont même été directement affectés à EA Motive, autre filiale d’Electronic Arts, pour le compte de laquelle ils aideraient à terminer le jeu Star Wars Battlefront II. En cause, le mauvais accueil de Mass Effect Andromeda, qui, à sa sortie le 23 mars, a déçu les fans et la critique.
D’après Kotaku, qui cite des sources internes, la série Mass Effect serait donc temporairement mise en pause. En attendant, on l’imagine, une éventuelle reprise par un des autres studios d’Electronic Arts.
Derrière les cas d’Hitman et de Mass Effect, de nombreuses autres licences du jeu vidéo sont en réalité à la peine. Ces derniers mois ont ainsi vu défiler des contre-performances pour des jeux à gros budget : Dishonored 2, Watch_Dogs 2 ou Titanfall 2 ont ainsi eu du mal à trouver leur public. De plus en plus, les joueurs semblent ainsi cristalliser leur attention sur une poignée de valeurs sûres, souvent multijoueurs et régulièrement mises à jour, tels que GTA Online ou Overwatch, plutôt que d’acheter, régulièrement, des jeux proposant des expériences plus courtes.
Square Enix et Electronic Arts ne sont d’ailleurs pas les seuls à avoir apparemment tiré les conclusions de cette évolution du marché : Ubisoft, après avoir longtemps enchaîné les épisodes d’Assassin’s Creed, n’en a pas sorti en 2016 et toujours aucun n’est annoncé pour 2017.
Activision, lui, continue de sortir les opus de Call of Duty à un rythme soutenu, mais a renoncé aux environnements futuristes pour revenir, dix ans après Call of Duty 3, à la seconde guerre mondiale : une tentative de retour aux racines pour endiguer, peut-être, la lente mais constante érosion de ses ventes.