TV : « Squadra criminale », polar nordique à la sauce turinoise
TV : « Squadra criminale », polar nordique à la sauce turinoise
Par Daniel Psenny
A voir aussi ce soir. Une plongée dans les réalités sociales de l’Italie contemporaine en compagnie d’une capitaine de brigade tenace, intuitive mais tourmentée (sur Arte à 20 h 55).
Squadra criminale (5/12) - bande-annonce - ARTE
Nourris au quotidien pendant des décennies par des faits divers politico-criminels, les scénaristes italiens n’avaient que l’embarras du choix pour écrire films et séries. Dès les années 1980, La Piovra, très longue série sur la Mafia, était un rendez-vous incontournable pour les téléspectateurs de la Péninsule. Puis, il y eut Romanzo criminale, de Michele Placido, gros succès au cinéma et à la télévision, et la fabuleuse série Gomorra, créée par l’écrivain Roberto Saviano sous la direction de Stefano Sollima.
Avec Squadra criminale, Claudio Corbucci, le créateur de la série pour la RAI 3, nous entraîne dans les quartiers de Turin où enquête Valeria Ferro, la capitaine de la brigade criminelle de la capitale du Piémont. Tenace, talentueuse, intuitive et à fleur de peau, Valeria Ferro (très bien interprétée par Miriam Leone, ex-Miss Italie) réussit à résoudre – parfois de manière peu orthodoxe – de très nombreuses affaires complexes tout en luttant contre les fantômes de son passé. Ces derniers ressurgissent violemment dans sa vie au moment où sa mère (Monica Guerritore, grande comédienne du théâtre italien) est libérée de prison…
Les dérives des médias
Construite chaque fois sur deux épisodes, la série (qui en compte douze) est aussi une intéressante plongée dans les réalités sociales de l’Italie contemporaine mise à mal ces dernières années par la politique de Silvio Berlusconi, homme de médias sans vergogne qui a dirigé l’Italie comme une entreprise.
Ainsi, dans les deux premiers épisodes, à travers l’enquête criminelle, le réalisateur dénonce les dérives des médias et de la télé-réalité qui exploitent l’assassinat d’une adolescente, et les dégâts que cela entraîne sur des collégiens en quête de célébrité.
Davide Lacopini. | © LA RAI
« A travers Valeria, j’ai beaucoup appris sur les racines du mal et la frontière qui le sépare du bien », explique Miriam Leone dans un entretien à l’hebdomadaire Arte Magazine.« Je me suis aussi interrogée sur plusieurs grands sujets : la famille, les malheurs qui couvent en nous, la dangerosité de la rancœur et le fait que la vérité est nécessaire, à condition de savoir l’accueillir », poursuit-elle.
Très proche des séries nordiques, Squadra criminale peut parfois manquer de subtilité, mais elle reste quand même dans la verve des séries politiques « à l’italienne » que l’on apprécie.
Squadra criminale, de Claudio Corbucci, avec Miriam Leone, Matteo Martari, Monica Guerritore (Italie, 2015, 6×53min).