Du social, de la culture et un soupçon de politique : nos choix de replays
Du social, de la culture et un soupçon de politique : nos choix de replays
Chaque samedi, La Matinale propose une liste d’émissions ou de documentaires à voir ou à revoir sur petit écran.
LA LISTE DE NOS ENVIES
Au menu de cette semaine : du social avec un retour sur une tragédie prolétarienne récente ; de la littérature avec une plongée intimiste dans l’univers de Virginie Despentes ; et de la politique avec une série de documentaires sur les coulisses de la campagne du nouveau président de la République, Emmanuel Macron.
Du sang sur les gueules noires
[TEASER] La bataille du charbon
« Si seulement, on avait du charbon », entendait-on au lendemain de la seconde guerre mondiale dans une France quasi détruite. Partout, cette matière première manquait pour reconstruire le pays.
Aussi, le général de Gaulle lança-t-il la bataille du charbon avec pour objectif que les 300 000 mineurs répartis dans les grands bassins du Nord et du Sud en produisent 100 000 tonnes chaque jour. Les « soldats de l’abîme », qui n’avaient exigé aucune contrepartie, devinrent alors des héros, l’avant-garde du prolétariat.
Mais, en 1948, les gueules noires vont déchanter. Face à la concurrence des autres marchés européens, le socialiste Robert Lacoste décide de leur retirer certains avantages acquis, dont le salaire minimum. Une trahison qui met le feu aux poudres. La grève est immédiate. Elle dure cinquante-quatre jours et est réprimée dans le sang. On dénombre six morts ; 1 342 mineurs sont condamnés à de la prison ferme ; 3 000 sont licenciés.
Episode tragique de l’après-guerre, « ce rouge sur les gueules noires, reste une tache indélébile dans la mémoire ouvrière », explique Frédéric Brunnquell, réalisateur de ce passionnant documentaire, riche d’archives rares et de témoignages de mineurs ayant participé à cette tragique épopée. Daniel Psenny
« La Bataille du charbon », de Frédéric Brunnquell (France, 2015, 55 minutes). Sur Pluzz jusqu’au jeudi 18 mai.
Virginie Despentes, les mots de l’insoumission
21 centimètres
Avec « 21 cm – canal littéraire », Augustin Trapenard a su, de manière vive et piquante, dépoussiérer les codes de l’entretien littéraire en transformant le classique face-à-face sur un plateau en une promenade intimiste dans les lieux marquants ou de prédilection d’un écrivain, entrecoupée d’une petite pause bibliophile et musicale au domicile du journaliste.
De musique, justement, il est question ce mois-ci avec Virginie Despentes. Infusant son écriture et son imaginaire, elle est toujours présente, notamment à travers la figure de Vernon Subutex, cet ex-disquaire qui donne son nom à une formidable trilogie dont le dernier volume paraît chez Grasset, le 24 mai.
Tout naturellement, c’est aux Buttes-Chaumont qu’Augustin Trapenard a choisi d’entraîner la romancière. Dans les pas de son héros déchu, elle évoque entre autres l’influence des séries télé dans la composition de ce triptyque, mais aussi les auteurs qui l’ont nourrie et influencée tels Balzac, Maupassant, Dostoïevski, Tolstoï… Radicalement libre, sincère et touchante, ainsi nous apparaît-elle dans le clair-obscur de cette déambulation parisienne perlée de rires et d’émotions. Christine Rousseau
« 21 cm - canal littéraire ». Sur Canalplus.fr
Macron, de candidat à président
Emmanuel Macron : les coulisses d'une victoire - Lundi 08 mai à 21H
Le « mystère » qui entoure la personnalité d’Emmanuel Macron – énoncé d’ailleurs comme une antienne dans la plupart des sujets qui lui sont consacrés – ajouté à un soupçon de fascination quant à la trajectoire fulgurante du nouveau président, expliquerait-il l’avalanche inédite de reportages et de documentaires qui lui ont été consacrés sitôt élu ?
En effet, depuis le 7 mai, il n’est pas une soirée au cours de laquelle n’a été diffusé un documentaire tentant de décrypter la fulgurance de ce parcours.
A ceux qui voudraient revivre de l’intérieur la campagne, Yann L’Hénoret propose une immersion sans commentaire, façon War Room, aux images léchées et étudiées. Passionnante en ce qu’elle révèle sur l’homme mais aussi sur ceux qui l’entourent, cette plongée dans les coulisses laisse néanmoins un goût de trop peu quand on sait qu’il ne s’agit là que de quatre-vingt-dix minutes sur les cent cinquante heures tournées.
En attendant la version longue que devrait proposer Netflix, une autre immersion plus éclairante et surtout plus politique s’offre avec En marche vers l’Elysée, de Bertrand Delais. Inspiré par la série House of Cards, le documentariste laisse ici le soin au candidat Macron, lors de moments clés (l’épisode Whirlpool, l’alliance avec François Bayrou…), de décrypter la stratégie de conquête du pouvoir.
Pour compléter ces portraits de campagne, on conseillera, malgré le ton quelque peu lyrique annoncé dès le titre Ainsi soit-il Macron, le documentaire de Pierre Hurel, déjà auteur de La Stratégie du météore. Riches d’archives privées, de témoignages de journalistes, de politiques mais aussi de ses proches, dont celui de Brigitte Macron qui s’étonne de l’engagement politique de son époux – le voyant davantage embrasser une carrière d’écrivain –, ce portrait classique offre quelques clés de compréhension sur la personnalité du nouvel hôte de l’Elysée. Ch. R.
« Emmanuel Macron, dans les coulisses d’une victoire », de Yann L’Hénoret (France, 2017, 90 minutes). Sur MyTF1.
« En Marche vers l’Elysée », de Bertrand Delais (France, 2017, 64 minutes). Sur Pluzz jusqu’au jeudi 18 mai.
« Ainsi soit-il Macron », de Pierre Hurel (France, 2017, 80 minutes). Sur Pluzz jusqu’au lundi 15 mai.