Thibaut Pinot est tombé sur un maillot bleu-blanc-rouge plus fort que lui dans le contre-la-montre : le champion des Pays-Bas Tom Dumoulin. | LUK BENIES / AFP

Après sa bonne performance dimanche dans la deuxième étape de montagne du Tour d’Italie, le coureur de la Française des Jeux Thibaut Pinot est tombé sur beaucoup plus fort que lui mardi, dans le premier contre-la-montre. Les 39,8 km escarpés, dans la province vinicole d’Ombrie, ont consacré comme prévu le Néerlandais Tom Dumoulin (Sunweb), nouveau maillot rose.

Pinot n’a terminé que 19è de l’étape, reprenant seulement onze secondes au petit Colombien Nairo Quintana, meilleur grimpeur du peloton. Hormis le Britannique Geraint Thomas et le Luxembourgeois Bob Jungels, qui avaient perdu gros dimanche – le premier à cause d’une chute provoquée par une moto de police –, tous les favoris ont fini à plus de deux minutes de Dumoulin.

Pinot loin de son objectif

Derrière le Néerlandais, qui fait désormais figure de favori du Giro au même titre que Quintana, le classement s’est resserré. Vingt-quatre secondes séparent le Colombien, deuxième (à 2 min 23 s), et Vincenzo Nibali, cinquième.

Pour Thibaut Pinot, la déception est d’autant plus grande qu’il s’était fixé un objectif élevé la veille, lors de sa conférence de presse du jour de repos : la victoire d’étape, et pourquoi pas le maillot rose, pour le champion de France du contre-la-montre, qui a progressé dans la discipline depuis deux ans.

Septième temps au premier point intermédiaire, Pinot, ceint de son maillot tricolore, a progressivement faibli, perdant une minute supplémentaire sur Dumoulin dans les onze derniers kilomètres, en faux plat montant.

« Aujourd’hui, ce n’était pas comme d’habitude, je ne faisais pas corps avec ma machine. Je n’étais pas dans une bonne journée. Je peux même dire que c’était un jour sans ! », a-t-il déploré au micro de La Chaîne L’Equipe.

Pinot a même perdu du temps sur des grimpeurs comme le Néerlandais Bauke Mollema, le Russe Ilnur Zakarin ou le Britannique Adam Yates, d’ordinaire inférieurs au Français dans l’épreuve chronométrée.

Quintana voit en Dumoulin son principal adversaire

Heureusement pour lui, Nairo Quintana n’était pas non plus dans un grand jour. « Dumoulin volait et il sera mon principal adversaire, compte tenu de sa condition physique », a estimé le Colombien.

« Je ne m’attendais pas à cet écart », a confirmé Dumoulin, qui avait déjà remporté le contre-la-montre inaugural aux Pays-Bas l’an dernier. C’est sa sixième victoire d’étape dans un Grand Tour, avec deux étapes du Tour de France 2016 et deux autres sur le Tour d’Espagne 2015. Cette année-là, Dumoulin avait porté le maillot de leader de la Vuelta jusqu’à la dernière étape de montagne. Il avait finalement terminé sixième, battu notamment par l’Italien Fabio Aru.

Depuis, Dumoulin s’est astreint à perdre du poids pour progresser en montagne. Il a montré dimanche, dans les Abruzzes, son efficacité dans une ascension d’une quarantaine de minutes, finissant dans la roue de Thibaut Pinot. Mais nul ne sait s’il sera capable d’encaisser la redoutable dernière semaine du Giro, où de longues étapes de montagne se succéderont les unes aux autres.

Son avance oblige désormais Nairo Quintana, qui n’envisage rien d’autre qu’une victoire finale, à attaquer en montagne. Il y sera aidé par son équipe, bien meilleure que la Sunweb de Tom Dumoulin sur ce terrain. La perte sur chute du Néerlandais Wilco Keldermann, prévu pour être le lieutenant de Dumoulin en montagne, rendra la tâche de l’équipe allemande encore plus difficile.

La Movistar, et peut-être la Sky, requinquée par la performance de Geraint Thomas, trouveront un terrain d’attaque idéal dès ce mercredi sur les routes accidentées de Toscane et de Romagne, de Florence à Bagno di Romagna (161 km). Le départ sera donné à Ponte a Ema, devant le musée dédié à Gino Bartali, qui gagna à trois reprises le Giro entre 1936 et 1946.