La militante Sophie Cluzel nommée secrétaire d’Etat aux personnes handicapées
La militante Sophie Cluzel nommée secrétaire d’Etat aux personnes handicapées
Par Aurélie Collas, Mattea Battaglia
Celle qui succède à Ségolène Neuville a fondé plusieurs associations. Elle avait salué récemment les engagements pris par Emmanuel Macron en matière d’insertion.
Sophie Cluzel a été nommée, mercredi 17 mai, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées au sein du gouvernement d’Edouard Philippe. Elle succède à ce poste à Ségolène Neuville, même si cette dernière était, elle, rattachée au ministère des affaires sociales et de la santé. Comme Emmanuel Macron l’avait annoncé durant la campagne, le secrétariat d’Etat au handicap est désormais rattaché au premier ministre.
A 56 ans, elle a derrière elle un parcours au service des personnes en situation de handicap – en particulier leur scolarisation et leur insertion. Mère de quatre enfants, dont une fille trisomique, cette ancienne élève de Sup de Co Marseille, préside depuis 2011 la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap.
Elle est aussi la fondatrice de plusieurs autres associations engagées dans le même combat – notamment SAIS 92 (service d’accompagnement et d’information pour la scolarisation des enfants handicapés) et Grandir à l’école, qui s’occupe plus spécifiquement de la trisomie 21.
Sophie Cluzel s’est fait connaître du grand public en janvier 2012, en organisant le premier Grenelle de l’intégration des jeunes handicapés dans la société. A cette occasion, une cinquantaine d’associations avaient reconnu les progrès accomplis, sept ans après la loi de 2005 qui a instauré un droit à la scolarisation pour les enfants et adolescents handicapés. Mais elles avaient aussi rappelé les obstacles qui demeurent. Leurs propositions communes avaient été transmises aux candidats à l’élection présidentielle.
« La solution est dans les murs de l’école »
Sur France Culture, le 10 mai, elle déclarait que, pour elle, l’équipe d’Emmanuel Macron avait saisi l’enjeu actuel, celui d’avancer dans la scolarisation en « milieu ordinaire ». « La solution n’est plus hors des murs de l’école. Elle est dans les murs de l’école, avait-elle défendu. Pour nous les familles, et je pense qu’[Emmanuel Macron] a compris cela, la solution est dans la formation, dans l’accompagnement des enseignants, dans le travail sur l’environnement pour que l’on change ce regard et que cette scolarisation devienne vraiment effective ». Elle avait également salué sur Twitter l’engagement de campagne du candidat d’instaurer un secrétariat d’Etat rattaché au premier ministre.
Pendant la campagne, il a, de fait, donné des gages : « Tous [les enfants] qui ont besoin d’être accompagnés le seront par un auxiliaire de vie scolaire, qui aura un statut sécurisé et qui sera mieux payé », a-t-il écrit dans une « lettre ouverte » adressée aux enseignants le 19 avril. Une promesse de progrès après ceux réalisés sous le quinquennat de François Hollande, notamment la reconnaissance, en 2013, d’un métier d’« accompagnant » des élèves handicapés.
Entre 2004 et 2015, le nombre d’élèves handicapés scolarisés en milieu ordinaire a quasiment doublé, pour atteindre 350 300 en 2015. Désormais, 56 % d’entre eux sont scolarisés en classe ordinaire. Reste que ce concept d’école inclusive n’est pas totalement mis en place en France. « Les locaux des établissements scolaires sont loin d’être aux normes d’accessibilité. Les élèves en situation de handicap sont encore souvent séparés des autres élèves au collège et au lycée. Enfin, les aménagements pédagogiques sont méconnus des familles », observait le Conseil national d’évaluation du système scolaire dans un rapport de 2016.