Dans le Larzac, les radios associatives en danger
Dans le Larzac, les radios associatives en danger
Par Philippe Gagnebet (Toulouse, correspondance)
Tributaires des aides publiques, Radio Saint-Affrique et Radio Larzac, nées dans la foulée des grands rssemblements de années 1970 et 2000, peinent à assurer leur survie.
Radio Larzac
Mauvaises ondes sur les plateaux. Radio Saint-Affrique et Radio Larzac, deux radios libres et associatives qui émettent autour du Larzac, dans le sud de l’Aveyron, sont toutes les deux en difficulté financière. La première, née en 1981 à la suite des luttes des années 1970 pour sauver les terres agricoles face à l’extension du camp militaire, et la seconde, sa « petite sœur », créée dans la foulée du grand rassemblement musical et festif « Larzac 2003 », en appellent au soutien, aux dons et aux personnalités politiques.
Tributaires des subventions, et surtout du Fonds de soutien à l’expression radiophonique locale (FSER) du ministère de la culture, fonctionnant sans publicité à l’antenne, les deux radios aux « identités propres », avec un budget annuel de 140 000 euros environ, peinent à pérenniser leur modèle économique. Pour Mathieu Riffaud, président de l’association qui porte Radio Saint-Affrique, ses cinq salariés et sa vingtaine de bénévoles actifs, « le trou est de 20 000 euros en 2016 ». « Un animateur nous quitte,explique-t-il, et on a lancé une série d’actions pour que les habitants et les auditeurs nous soutiennent. » Ce Breton d’origine constate un fonctionnement « basé sur les aides publiques » qui doit se renouveler.
La part du gâteau
« Le fonds de soutien du ministère représente un tiers du budget, précise-t-il. Le problème, c’est que nous touchons une part fixe annuelle et une autre, basée sur un système de points, qui se réduit régulièrement. » Des points, attribués selon le contenu des émissions (environnement, social, mixité…), qui diminuent d’année en année, car affectés à beaucoup d’autres radios libres au niveau national. Une sorte de gâteau grossissant régulièrement, mais avec des parts plus petites.
La situation est identique du côté de Radio Larzac. « Nous avons touché pas mal d’aides, au début, surtout en 2008, avec l’autorisation officielle d’émettre par le CSA, dont celles à l’installation et aux équipements, constate amèrement Nicolas Wöhrel, l’un des quatre salariés. Mais, depuis, si la part fixe reste la même, nous subissons une forte chute de celle calculée sur ces points. »
Depuis quinze ans, pourtant, Radio Saint-Affrique essaie de se diversifier en proposant des formations (animation, technique, voix) à des jeunes voulant découvrir le métier. Mais, face à la concurrence de grandes radios nationales, là encore, les résultats baissent. « De 50 participants annuels auparavant, on est passé à 16 en 2016 », précise M. Riffaud. Emettant sur un bassin d’environ 60 000 personnes, la radio a organisé une soirée de soutien avec ventes d’œuvres et concerts, ainsi qu’un appel aux dons. « Même si on a récolté environ 10 000 euros, la radio n’est pas sauvée », souligne le président, qui quittera ses fonctions, « épuisé », en fin de mois.
Du côté de Radio Larzac, d’autres options sont envisagées. « Notre modèle est aussi à revoir, assure Nicolas Wöhrel. On vendait des émissions, on intervenait dans des festivals, lors d’ateliers avec des scolaires, et on s’est lancés aussi dans la formation avec notre savoir-faire dans les logiciels libres. Mais là, on va surtout déménager et s’installer à Millau. »
Ce déménagement implique de rompre avec la présence historique sur le plateau, afin de pouvoir se rapprocher d’une population plus dense, et de nouer des partenariats éventuels avec la mairie pour relancer des activités. Un constat d’échec, cependant, pour « des médias sociaux de proximité, presque équivalents à un service public, mais une qualité qui a un coût que nous ne pouvons plus assumer », conclut M. Wöhrel. Aux micros des deux antennes, on en appelle aujourd’hui aux fondations, au mécénat et aux élus.