LES CHOIX DE LA MATINALE

Que vous soyiez indifférent au foot ou que vous trépigniez en attendant la finale, voici trois documentaires et une fiction pour enrichir un week-end qui s’annonce festif.

« L’éloquence des sourds » : une jeune femme sourde au handicap

« L’Eloquence des sourds », de Laëtitia Moreau. / ARTE

« Imaginez un monde où un avion qui décolle fait le bruit d’un oiseau (…). Ce monde, c’est le mien. » Virginie est sourde de naissance. Pourtant, cela ne se perçoit presque pas. Dès son plus jeune âge, ses parents l’ont initiée à la lecture labiale et à l’oralité. Et grâce à des heures innombrables d’orthophonie, elle a appris à parler, sans jamais entendre le son de sa voix. C’est ainsi qu’elle nous conte sa vie. Une vie entre « deux mondes », celui de la surdité et celui des entendants.

Première sourde profonde de naissance à avoir passé le diplôme d’avocate en France, épouse et mère de deux enfants, Virginie fait figure de modèle. Pourtant si tout semble lui avoir réussi, on perçoit ses doutes, ses inquiétudes. Et c’est là que réside la beauté de ce film : mettre au jour les émotions qui la traversent. Se faisant ce portrait sensible et émouvant met à mal bien des clichés sur la surdité et souligne la richesse de l’« éloquence des sourds », composée de signes, de lèvres et de paroles. Un univers peuplé d’« images, de vibrations, de sensations », comme le décrit Virginie. Camille Langlade

L’Eloquence des sourds, de Laëtitia Moreau (France, 2017, 50 min). Sur Arte + 7 jusqu’au 16 juillet.

De toutes les matières, c’est la wax qu’elles préfèrent

S’il y a toujours une touche d’Afrique sur les podiums des fashion weeks aujourd’hui, c’est grâce au wax. Dénigré il y a une dizaine d’années, ce tissu aux innombrables motifs vitaminés – avec des profils de Giscard, Mobutu ou Obama, selon les époques, ou des nuances tribales – est devenu l’emblème pop d’une génération.

Dans Wax in the City, Elie Séonnet retrace l’ascension de ce célèbre tissu et explique les enjeux, culturels, économiques et politiques, dont il fait l’objet. Dans les échoppes de la capitale économique du Bénin, les rues poussiéreuses du Mali ou sur une plage de Dakar, le documentaire restitue l’ambiance des villes africaines. Des images soignées ponctuent les séquences, rythmées par les entretiens et les ­déplacements de Flora Coquerel, Miss France 2014 et présentatrice inspirée de ce documentaire aussi vivifiant qu’un pagne en wax. Pierre Lepidi

Wax in the City, d’Elie Séonnet (Fr., 2018, 60 min). A revoir dimanche 15 juillet à 9 h 45 ou sur 6Play.

Steve McQeen, vitesse et séduction

La vitesse – vite, très vite – et la séduction – mâle, très mâle – sont les deux axes que parcourt le documentaire I Am Steve McQueen, de Jeff Renfroe, du premier film de McQueen, Danger planétaire (1958), d’Irvin S. Yeaworth Jr. et Russell S. Doughten Jr., à La Tour infernale (1974), de John Guillermin et Irwin Allen, son dernier grand succès, qui l’oppose à Paul Newman, l’autre paire d’yeux bleus du cinéma américain.

De nombreux témoignages, d’amis, d’admirateurs – cinéastes, acteurs, cascadeurs –, de ses ex-épouses, de son fils et de ses petits-enfants, apportent un commentaire intéressant à ce film agrémenté de films familiaux privés.

On y apprend que McQueen aimait la fumette, mais aurait également touché à des substances plus fortes, et que cet homme à l’apparence de bon père de famille, qui emmenait parfois ses enfants sur les tournages lointains, était un tombeur. Pour ces deux raisons, sa première femme se séparera de lui. Renaud Machart

I Am Steve McQueen, de Jeff Renfroe (EU, 2014, 90 min). A revoir sur Arte + 7.

« Mon prince à la mer » : amour, humour, coquillages et crustacés

ARTE RADIO

Quand elle ne fait pas « grr » sur YouTube contre les sujets qui l’irritent, Klaire monte sur scène pour parler sans tabou et avec large dose d’autodérision de sexe et d’intimité féminine. Pour autant, celle qui « transpire la lose, le cynisme et le shampoing antipelliculaire » ne désespère pas – enfin pas encore – de trouver l’homme de sa vie. Après Mon prince viendra, série audio, drolatique et grinçante, dans laquelle elle relatait ses tribulations sur les sites de rencontres, voici notre héroïne repartie en chasse, persuadée que l’été est propice aux rencontres.

Direction donc la Normandie où elle rejoint ses amis et leurs enfants dans un Center Park. C’est là que ses mésaventures commencent. « Ca va pas être hyperpratique de pécho si j’ai une pelle en plastique et un pot de bébé de Dora l’exploratrice sous le bras », déplore-t-elle dès l’entame. Coiffée du réglementaire bonnet de bain en latex, autant dire que l’opération séduction est loin d’être gagnée. Mais Klaire a d’autres atouts à faire valoir. A commencer par un humour débridé et passablement foutraque qui se joue des codes et de clichés de notre époque. Léa Demirdjian

Mon prince à la mer, de Klaire fait Grr (France, 2018, 5 x 5’à 8’) sur Arte Radio.