Cannes 2017 : « Le ciel étoilé au-dessus de ma tête », une variation sur la famille juive
Cannes 2017 : « Le ciel étoilé au-dessus de ma tête », une variation sur la famille juive
Par Jacques Mandelbaum
Sur un sujet identique, le premier long-métrage d’Ilan Klipper est plus explosif et barré que les films de Noah Baumbach et Carine Tardieu.
Bienvenue à la journée cannoise de la famille juive dysfonctionnelle, tendance ashkénaze, c’est-à-dire lourde. Coincé entre The Meyerowitz Stories, de Noah Baumbach (en compétition) et Otez-moi d’un doute, de Carine Tardieu (à la Quinzaine des réalisateurs), Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, dégoté à l’ACID, est clairement le plus explosif et barré des trois, le plus concis aussi, élégante attention qui nous rappelle que le sujet est déjà parfaitement documenté (relire tout Philip Roth, revoir tout Woody Allen).
L’auteur, Ilan Klipper, semble connaître son sujet sur le bout des doigts, et s’est notamment signalé avant ce premier long-métrage par une collaboration fructueuse, néanmoins confidentielle, avec Virgil Vernier, dans des documentaires aussi réussis que Commissariat (2009) ou Pandore (2010).
Sens gogolien du fantastique
Un huis clos accueille l’action de ce film à la lisière de la réalité, de fait non dénué d’un sens gogolien, tout en sourdine, du fantastique. Le héros se nomme Bruno, il est interprété par un des meilleurs acteurs français qui puissent se trouver en la personne de Laurent Poitrenaux. Bruno, cinquante ans, habite en colocation avec une jeune Femen, et cherche l’inspiration la plupart du temps en slip, en évitant au maximum de se laver.
On apprend en effet qu’il y a vingt ans, son premier roman, Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, fut salué par la critique, voyant en son auteur un espoir des lettres françaises. Deux décennies plus tard, le jeune prodige s’est transformé en lunatique ventripotent à tendance paranoïde, sans qu’une ligne supplémentaire n’ait été écrite.
Là-dessus, inquiets de sa tendance à la claustration, ses vieux parents font une descente à son domicile, accompagnés d’un vieil ami à lui, de son ex-compagne, et d’une mystérieuse inconnue en même temps qu’accorte personne. Alarmé par l’intrusion, Bruno se persuade toutefois que l’inconnue, en plus du foie haché, a été amenée par ses parents, coutumiers du fait, en vue d’un prochain mariage. Il entreprend néanmoins de la séduire.
C’est en réalité une psychiatre qui doit déterminer si elle doit procéder à une HDT (hospitalisation à la demande d’un tiers) ou pas. Voilà. Reste à apprécier le mariage, pas si simple, entre le chant des partisans du ghetto de Vilnius et un bon vieux Feydeau des familles.
Film français d’Ilan Klipper avec Laurent Poitrenaux, Camille Chamoux, Marilyne Canto, Alma Jodorowski, Michèle Moretti, François Chattot, Frank Williams (1 h 16). Sortie en salles prochainement. Sur le Web : www.bathysphere.fr/fr/films/le-ciel-etoile-au-dessus-de-ma-tete et www.lacid.org/LE-CIEL-ETOILE-AU-DESSUS-DE-MA-5456