Margaret Chan, l’actuelle directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé, le 22 mai, à Genève, en Suisse. | SALVATORE DI NOLFI / AP

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), un organe de l’Organisation des Nations unies (ONU), devait élire, lundi 22 mai, son nouveau directeur général pour un mandat de cinq ans. Cette institution, qui doit aujourd’hui faire face à de nombreuses crises sanitaires, est réunie en assemblée générale jusqu’au 31 mai à Genève, en Suisse.

Pour la première fois, l’assemblée générale de l’OMS, qui rassemble tous les pays membres de l’organisation, va voter pour élire un directeur général parmi plusieurs candidats. Auparavant, un seul candidat était choisi par un comité exécutif de 34 personnes (nommées par les Etats membres), et l’assemblée générale devait simplement valider ce choix. Autre nouveauté : le vote de l’assemblée se fera à bulletin secret (contre un vote à main levée précédemment), pour éviter notamment que certains Etats exercent des pressions pour favoriser un candidat.

  • A quoi sert l’OMS ?

Fondée en 1948, l’Organisation mondiale de la santé dispose aujourd’hui d’un budget annuel d’environ 2 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros), destiné aussi bien à promouvoir des politiques de santé publique et des bonnes pratiques de médecine qu’à répondre à des crises sanitaires régionales et mondiales. L’organisation est souvent mobilisée lors de graves épidémies, comme celle de choléra qui frappe le Yémen depuis plusieurs semaines.

Elle est dirigée depuis novembre 2006 par la Chinoise Margaret Chan, dont le mandat prendra officiellement fin le 30 juin.

  • Qui sont les derniers candidats en lice ?

Au cours du processus d’élection du prochain directeur général, plusieurs pays membres ont présenté des candidats, et un tri a été opéré par le conseil exécutif. Trois candidats ont finalement été retenus : l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, la Pakistanaise Sania Nishtar et le Britannique David Nabarro. La France avait présenté la candidature de l’ancien ministre Philippe Douste-Blazy, mais celle-ci a été écartée. Les trois concurrents restant ont milité pendant plusieurs mois pour recevoir le vote des 194 pays membres de l’assemblée générale de l’OMS.

Tedros Adhanom Ghebreyesus. Ancien ministre de la santé, puis des affaires étrangères éthiopien, le docteur Tedros s’appuie notamment sur son expérience diplomatique.

Dans une interview accordée au site International Business Times, le candidat a mis l’accent sur le besoin de renforcer la mission de prévention de l’organisation et de promotion des politiques de santé publique dans le monde, afin de prévenir de possibles épidémies. Il est officiellement soutenu par l’Union africaine.

David Nabarro. Candidat proposé par le Royaume-Uni, David Nabarro n’est pas étranger à l’OMS, puisqu’il a rejoint l’organisation en 1999 pour gérer un programme de lutte contre le paludisme, selon le New York Times, qui ajoute que ce médecin a travaillé pour les Nations unies lors de crises liées à la grippe aviaire, à Ebola et au choléra.

Après l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, M. Nabarro a notamment été sur le front de la réforme de l’OMS, afin de rendre l’organisation plus réactive aux urgences sanitaires.

Sania Nishtar. Diplomée du King’s College à Londres, la candidate proposée par le Pakistan est une militante ayant une longue expérience au sein d’organisations non gouvernementales (ONG). Cardiologue de profession, elle a été en 2015 la candidate déçue du Pakistan pour succéder à Antonio Guterres à la tête du Haut-Commissariat des réfugiés de l’ONU. En 2013, elle a été brièvement ministre dans le gouvernement temporaire de Mir Hazar Khan Khoso, où elle a consolidé le ministère de la santé. Sa candidature est aujourd’hui soutenue à l’assemblée par l’Organisation de la conférence islamique.

Répondant à ceux qui critiquent les failles et la lenteur de l’OMS face à certaines épidémies, Mme Nishtar juge que l’organisation n’a jamais été pensée comme des casques blancs répondant à des urgences sanitaires graves, mais qu’elle doit être en mesure de guider et d’aider stratégiquement les acteurs mobilisés en cas d’urgence.

  • Des crises qui ont appelé des réformes

Ces dernières années, plusieurs crises sanitaires et épidémiques graves ont été l’occasion de vives critiques contre l’OMS, accusée de n’avoir pas réagi à temps. « Le choléra, comme la plupart des épidémies, demande une réponse précise, rapide et adaptable en permanence. C’est hélas tout ce que l’OMS n’est pas », écrivait en 2010 un humanitaire et chercheur dans le magazine Foreign Policy. Peu après un séisme meurtrier, Haïti avait été frappée par une épidémie de choléra.

Quatre ans plus tard, après une épidémie meurtrière d’Ebola en Afrique de l’Ouest causant des milliers de morts, l’OMS a de nouveau été critiquée pour sa lenteur et l’inefficacité de sa réponse. « L’OMS a été débordée, comme l’ont été les autres participants à la riposte. Les demandes auprès de l’OMS ont été plus de dix fois supérieures à ce qu’on avait connu dans les près de soixante-dix ans d’existence de cette organisation », déclarait la directrice générale, Margaret Chan, en mai 2015. Une réforme de l’organisation menée en 2015 a par la suite prévu la mise en place de moyens d’agir en urgence aux épidémies.