Des zadistes cherchent à reconstruire une structure, à Notre-Dame-des-Landes, le 15 avril. / PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

C’est le 14 mai que seront étudiés les vingt-huit dossiers de projets agricoles déposés par des habitants de la « zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Pour cette date, « la préfète convoquera la première réunion du comité qui a vocation à analyser les dossiers déposés par ceux des occupants illégaux qui veulent rentrer dans le droit chemin, dans le droit commun », a précisé le premier ministre, Edouard Philippe, sur Europe 1, jeudi 26 avril.

« A partir du moment où ces procédures sont en œuvre, ceux qui ont choisi de ne pas s’y insérer devront avoir quitté les lieux », a-t-il ajouté, annonçant ainsi la probable reprise des opérations d’expulsion commencées le 9 avril qui ont permis de « déconstruire vingt-neuf occupations illégales » sur la ZAD, et suscité de violents affrontements pendant plusieurs jours. « Nous interdisons les reconstructions, nous déblayons le terrain, 185 bennes de matériaux divers accumulés ont été dégagées, nous allons poursuivre ces travaux de déblaiement et préparer les interventions nécessaires pour tirer les conséquences d’une occupation illégale qui ne voudrait cesser », a indiqué Edouard Philippe.

Un important effectif de 1 500 à 2 500 gendarmes mobiles est toujours en place sur la vaste zone à contrôler, au sud de Notre-Dame-des-Landes. Répondant au journaliste qui citait un coût de 5 millions d’euros pour ce dispositif, le premier ministre a répondu : « C’est vrai que c’est cher. On a en face de nous – pour certains d’entre eux parce que je ne crois pas que la population de la ZAD soit totalement homogène – des gens qui sont parfois d’une très grande violence. »

La veille de son intervention à la radio, le premier ministre a présidé une séance de travail réunissant la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, le général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, les ministres de la transition écologique et solidaire, de l’intérieur et de l’agriculture ainsi que deux secrétaires d’Etat. A cette occasion, il semble que la ligne consistant à temporiser afin d’étudier les dossiers et de laisser se décanter la situation sur la zone, toujours sous haute tension, l’ait emporté.

Elevage, céréales, apiculture...

Si le calendrier d’une future opération d’expulsion se précise, il reste soumis à de possibles variations. Il est en effet difficile de dire dans quel délai les différentes instances chargées d’étudier les dossiers déposés en préfecture – direction départementale des territoires et de la mer, comité professionnel agricole puis comité de pilotage sur l’avenir des terres agricoles de la ZAD – auront validé ou non les demandes. On y trouve en effet aussi bien des projets d’élevage ovin et bovin, des céréales, du maraîchage, de l’apiculture, des vergers… Une quinzaine de ces dossiers, a précisé la préfète, sont d’ores et déjà solides, les autres sont à retravailler.

Par ailleurs, les 28 dossiers agricoles actuellement à l’étude – qui couvriraient une surface totale de 270 hectares sur les quelque 1 400 hectares de terres agricoles de la ZAD – ne sont qu’une partie des 41 dossiers déposés avant la date butoir du 23 avril à minuit fixée par le gouvernement. En effet, les habitants de la ZAD ont aussi avancé huit projets artisanaux, sept culturels et trois de distribution : forge, boulangeries, menuiserie, fromagerie, brasseur, bibliothèque… Pour l’heure, rien n’est dit sur le sort qui sera réservé à ces dossiers même si la préfète dit les avoir trouvés, pour certains, intéressants.