Réseaux d’anciens : des liens à l’épreuve du temps
Réseaux d’anciens : des liens à l’épreuve du temps
Par Claire Ané, Eric Nunès
Avoir travaillé ensemble à l’organisation de grands événements forge des liens d’amitié qui seront souvent précieux dans la vie professionnelle.
Lors du challenge Altigliss en mars 2017 à Val d’Isère. | Eric Nunès / Le Monde
« Tu tiens le coup Loulou ? », interroge Lexane Cadoret, 21 ans, responsable de la communication d’Altigliss. Les regards inquiets de la jeune femme se tournent vers le jeune patron. Il les rassure d’un sourire. Il est 4 heures du matin, et Louis Gibaud, 22 ans, résiste au sommeil au volant de son van, en poursuivant sa ronde dans les rues de Val-d’Isère à la recherche d’étudiants égarés.
Ces épreuves partagées forgent des amitiés à vie. « Ils sont tous devenus mes frères et mes sœurs, résume Guillaume Wolf, 24 ans, responsable des partenariats. Nous avons vécu ensemble beaucoup de bons moments et surtout surmonté ensemble tant d’épreuves. » Comme toutes les grandes écoles, GEM et l’Edhec ont construit, au fur et à mesure des années, un puissant réseau d’anciens − qu’on appelle désormais, à la mode américaine, des « alumni ». Toutefois, les « organisateurs-étudiants » de ces grands raouts partagent un peu plus qu’une même école : ils vivent une aventure collective et les liens qui s’y tissent résistent souvent aux années.
« Quel que soit le nombre d’années qui se seront écoulées après notre départ de l’école, j’appellerai toujours l’élève de 2e année qui m’a formée ma “madré”, et je resterai sa “fistonne” », raconte Marie Le Meur, responsable des relations presse sur la Course- croisière de l’Edhec (CCE).
Arthur Fleury et Constance Chamblas, présidents sortants de la 49e édition de cette course, se sont appuyés sur une trentaine de leurs prédécesseurs, qui, malgré des postes importants et parfois depuis l’autre bout du monde, répondaient à leurs demandes de conseils par le biais de Facebook. « Nous les avons par exemple consultés avant de mettre fin à l’obligation, pour nos membres, d’être présent au local de 9 à 19 heures sauf quand ils ont cours, ce qui était une vraie révolution », explique Arthur Fleury.
« Un réseau d’entraide »
Les amitiés se nouent et perdurent aussi entre anciens d’un même département. Guillaume Richard, qui fut chargé de l’approvisionnement boissons sur la « 26-27 » − c’est-à-dire lors des 26e et 27e éditions, il y a plus de vingt ans − connaît tous ceux qui lui ont succédé à ce poste stratégique. « On essaie chaque année d’organiser un ou deux dîners, et un week-end, au ski par exemple », raconte ce dirigeant d’un groupe de 17 000 personnes, Oui Care. Il se fait un devoir de répondre aux sollicitations des actuels membres de l’association. « Quand vous avez reçu, il faut redonner. » Une volonté qui se double d’un intérêt assumé : « C’est un enjeu pour moi d’avoir des anciens “courseux” en stage et dans mon entreprise. »
Les membres présents et passés de la CCE forment aussi un « réseau d’entraide » officieux, mais qui tend à se structurer. « Un fichier de 1 200 anciens âgés de 20 ans à 70 ans a été créé en 2003, et passe de main en main. Nous sommes plusieurs à travailler dessus, en fonction de nos disponibilités », explique Arnaud Barbelet, « courseux de la 33-34 ». Une mailing list, des groupes sur Facebook et sur LinkedIn facilitent les prises de contact et l’organisation d’apéritifs ou de dîners, en plus de la soirée que l’association CCE organise chaque mois de décembre à Paris, rassemblant une grosse centaine d’anciens. « L’objectif est triple : faciliter la recherche de partenaires ou clients, permettre d’augmenter sa culture générale en demandant conseil sur des domaines dont on n’est pas expert. Et, enfin, recruter et se faire recruter. »
Ce solide réseau d’amitiés est également un atout pour faire d’un projet un succès. Arnaud de Vergie, ancien de l’édition 2012 d’Altigliss, a depuis monté Homunity, une plate-forme de financement de promoteur immobilier. Ses « potes » ont apporté une pierre au lancement de son entreprise : « Une recommandation, un contact, le nom d’une entreprise compétente… C’est ce genre de coup de pouce qui permet d’éviter une erreur qui peut être fatale lors du lancement d’une affaire. »