Wauquiez fustige la « trahison » des ministres de droite de Macron
Wauquiez fustige la « trahison » des ministres de droite de Macron
Par Alexandre Lemarié (envoyé spécial à Jonage (Rhône)
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui brigue la présidence du parti LR, a eu surtout la dent dure contre Bruno Le Maire, un des rivaux de sa génération.
Wauquiez à la tribune, le 23 mai, à Jonage (Rhône). | Olivier Laban-Mattei / Myop pour Le Monde
« Certains ont préféré se vendre plutôt que de rester fidèles à leurs idées. » Laurent Wauquiez a fustigé l’attitude des trois personnalités de droite qui sont entrées au gouvernement – Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin – mardi 23 mai, lors d’une réunion publique à Jonage (Rhône), une commune de la banlieue de Lyon. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui brigue la présidence du parti Les Républicains (LR) lors du congrès de novembre, s’est positionné comme le gardien du temple, dont l’unité est menacée par les appels du pied du président de la République, Emmanuel Macron.
« Ici, personne n’a trahi pour les dorures des ministères. Ici, ce ne sont pas les salons parisiens encore ivres de leur victoire qui nous dicteront leurs lois », a déclaré M. Wauquiez devant près de 700 personnes, aux côtés de François Baroin, chargé de mener la campagne de LR pour les législatives, le secrétaire général du parti Bernard Accoyer, le patron des députés LR Christian Jacob ou encore le sarkozyste Brice Hortefeux. « Ceux qui nous ont trahis nous disent qu’ils mettent le service de la France au-dessus de leur parti. Je vais vous dire ce qu’ils ont mis au-dessus de tout, ce sont leurs maroquins ministériels. Ils ont mis leurs maroquins ministériels au-dessus de leurs valeurs », a déploré le représentant de l’aile droitière de l’ex-UMP.
Ce dernier a eu surtout la dent dure contre Bruno Le Maire – un des rivaux de sa génération – qui a été nommé à Bercy. « Quand je vois ceux qui hier critiquaient violemment Emmanuel Macron et qui aujourd’hui se jettent dans ses bras, je me demande comment ils peuvent encore regarder les Français en face », a-t-il lancé, en rappelant que « Bruno Le Maire voulait baisser la CSG de 22 milliards quand il était candidat à la primaire de la droite », avant de « l’augmenter de 21 milliards » dans les mois à venir pour appliquer le programme économique de M. Macron. « Au moins, vous savez maintenant combien coûte la vanité d’être ministre pour l’ancien héros du renouveau ! », a-t-il conclu sous les applaudissements de la salle.
Deux droites irréconciliables ?
M. Wauquiez a ensuite fustigé « tous ceux qui, la main sur le cœur, nous parlent de l’intérêt du pays alors qu’ils ne savent servir que leur petit intérêt personnel ». Dans son viseur : la centaine d’élus de droite et du centre, qui ont appelé à « répondre à la main tendue » par Emmanuel Macron. Cela concerne notamment le député LR des Hauts-de-Seine, Thierry Solère, qui a affiché sa volonté de se montrer constructif vis-à-vis du nouveau président de la République. « Je ne suis pas “En Marche” mais je veux que ça marche », a déclaré M. Solère, mardi matin, sur France Inter, en annonçant qu’il voterait la confiance au gouvernement d’Edouard Philippe. Invité au même moment sur RMC-BFM TV, Christian Estrosi a, lui aussi, appelé les futurs députés LR de la prochaine Assemblée à voter la confiance au gouvernement. « Pourquoi faire de l’opposition stérile et stupide ? Nous avons perdu l’élection présidentielle », a fait valoir le maire LR de Nice, appelant à se placer dans une « démarche constructive plutôt que négative » vis-à-vis du nouvel exécutif.
Une position également envisagée par l’ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin mardi dans Le Figaro, en affirmant qu’il ne fallait « rien s’interdire, dans l’intérêt de la France » quant à un possible vote de confiance au gouvernement. Sur Europe 1, le sénateur LR a proposé que des députés LR et UDI « s’associent » dans la future Assemblée nationale pour former « Les Constructifs », groupement qui soutiendrait certaines réformes de l’exécutif Macron. Le signe qu’à droite les ténors se divisent un peu plus sur l’attitude à tenir vis-à-vis de M. Macron. Comme si, peu à peu, se faisaient jour deux droites irréconciliables.