Faire une formation spécialisante après ses études pour optimiser ses chances de trouver un emploi ou pour booster sa carrière, cela vaut-il le coup ? Entretien avec Pierre Lamblin, directeur du département études et recherche de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC).

Les formations complémentaires de type mastère spécialisé sont-elles un plus pour les jeunes diplômés ?

Avoir une double compétence est un plus. Mais les études que nous avons réalisées montrent qu’une formation complémentaire favorise moins l’emploi que les conditions d’emploi : les diplômés qui ont une double compétence trouvent davantage d’emplois-cadres avec des rémunérations plus élevées. Une formation complémentaire ne doit pas se faire juste « pour le plaisir », il faut que cela s’intègre dans un projet professionnel et personnel qui fait sens, en adéquation avec les besoins des entreprises. Mais l’important pour le recruteur sera toujours le socle technique de base.

Le marché de l’emploi des ­cadres se porte mieux. ­Les jeunes en profitent-ils ?

Oui. En 2017, nous devrions retrouver les niveaux de recrutement d’avant la crise de 2008-2009. Soit 45 000 recrutements de jeunes diplômés sur des postes-cadres, pour 48 000 en 2007. Nous étions à seulement 35 000, il y a trois ou quatre ans ! Ce marché est porteur à la fois pour les jeunes diplômés à bac + 5, niveau de formation à partir duquel l’accès à l’emploi est facilité, et pour les cadres jeunes et moins jeunes en poste depuis plusieurs années.

Comment l’expliquez-vous ?

Cette reprise s’est amorcée dès 2015, avec une accélération en 2016, et cela devrait continuer. Nous mettons cela sur le compte des transformations numérique et énergétique qui commencent à avoir un impact visible sur le fonctionnement des entreprises, leur organisation, leur cadre réglementaire. Pas une organisation, pas un métier n’est épargné par la transformation numérique. Elle demande de nouvelles compétences, pointues, à ceux qui les exercent, et en fait émerger de nouveaux (big data, cybersécurité, etc.).

Cela impacte avant tout le secteur des services, qui concentre 71 % des recrutements envisagés : prestation informatique pour ­accompagner la transformation numérique des entreprises, ingénierie R&D, conseil juridique et comptable…