La saison 6 de « Homeland », politiquement intense
La saison 6 de « Homeland », politiquement intense
Par Daniel Psenny
La série, dont la saison 6 est diffusée mercredi sur Canal +, opère une lente montée en puissance des intrigues, dans un contexte d’actualité intense.
Après quelques errements scénaristiques, on attendait avec un peu d’appréhension la sixième saison de Homeland, série culte devenue planétaire depuis son lancement sur la chaîne américaine Showtime en 2011. Finalement, il n’en est rien. Les scénaristes Howard Gordon, Alex Gansa et Gideon Raff (auteur de la série israélienne Hatufim dont s’inspire Homeland) ont su se montrer à la hauteur de l’enjeu. Ecrite bien avant l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis en novembre 2016, la série est plongée en pleine actualité bien que les auteurs avaient, a priori, misé sur la victoire d’Hillary Clinton, en introduisant dans cette nouvelle saison une « présidente élue » qui doit faire face aux intrigues et complots en tous genres.
Très politiques et même géopolitiques, ces douze épisodes nous entraînent à Washington, où la nouvelle présidente Elizabeth Keane (Elizabeth Marvel) attend de prendre ses fonctions dans un grand hôtel. Contrairement à ses prédécesseurs, elle affiche des idées pacifistes et antimilitaristes qu’elle entend mettre en pratique rapidement, ce qui ne peut qu’inquiéter Dar Adal (excellent F. Murray Abraham), le patron de la CIA, qui va multiplier les intrigues et les « fake news » pour la pousser à la faute. Sans oublier Saul Berenson (incontournable Mandy Patinkin), le pilier de l’agence et responsable des affaires du Moyen-Orient, qui va tenter de déjouer les complots et, surtout, de sauver sa peau face à de sérieuses menaces.
« Not my president »
Même si les scénaristes n’ont pas prévu tout « l’univers trumpien » avec les Tweets ravageurs, les murs protecteurs ou les bombardements préventifs sur les sanctuaires de terroristes en Syrie, ils ont réussi à introduire une manifestation d’Américains contre la « présidente élue » avec des pancartes « Not my president », comme cela s’est passé à New York devant la Trump Tower tout de suite après l’élection.
Quant à Carrie Mathison (indispensable Claire Danes), elle est retournée aux Etats-Unis après son séjour très agité à Berlin, que l’on a pu vivre dans la saison précédente. Devenue maman attentive, elle travaille dans un cabinet d’avocats spécialisé dans la défense des citoyens américains de confession musulmane en proie à des abus policiers. Mais elle n’a pas abandonné les méthodes d’investigation apprises à la CIA pour dénoncer le racisme et les petits arrangements entre gens de pouvoir qui cherchent à s’attribuer les réussites de la lutte contre le terrorisme. Un pouvoir qu’elle fréquente toujours en devenant, à ses risques et périls, la conseillère occulte de la nouvelle présidente. Carrie aura plus à craindre du comportement de Peter Quinn (Rupert Friend), l’espion casse-cou de la CIA, handicapé et très déjanté après les séances de tortures qu’il a subies à Berlin et dont Carrie l’a tiré. Mais nous n’en dirons pas plus pour ne pas gâcher le plaisir du téléspectateur…
La grande force de cette nouvelle saison est de renouer avec une lente montée en puissance des intrigues telles que nous les avions vécues dans les trois premières. Les nouveaux personnages et les acteurs récurrents y sont toujours excellents et le fond politique en pleine actualité donne un relief inattendu aux épisodes. Il n’y a pas de déception, et l’on attend même avec impatience ce que les scénaristes vont sortir de leur imagination pour la septième saison. Donald Trump et ses équipes devraient, peut-être, y jeter un œil pour connaître ce qui les attend…
Homeland, saison 6, série créée par Howard Gordon, Alex Gansa et Gideon Raff. Avec Claire Danes, Elizabeth Marvel, F. Murray Abraham, Mandy Patinkin (EU, 2016, 12X50 min).
Sur Canal+ mercredi 7 juin à 20 h 50