Mis en cause, Sanofi dément avoir pratiqué du « ranking forcé » pour licencier
Mis en cause, Sanofi dément avoir pratiqué du « ranking forcé » pour licencier
Le Monde.fr avec AFP
France Inter et le syndicat FO accusent le groupe pharmaceutique d’avoir pratiqué une politique consistant à sous-évaluer et à classer des salariés pour les licencier plus facilement.
Le groupe pharmaceutique Sanofi a démenti, vendredi 9 juin, avoir pratiqué une politique consistant à sous-évaluer (pratique appelée « forced ranking » ou « ranking forcé ») et à classer des salariés pour les licencier plus facilement, avec des quotas fixés à l’avance, comme l’en accuse le syndicat FO.
Dans une « mise au point » transmise à l’AFP après la diffusion d’une enquête de France Inter, le groupe affirme n’avoir « jamais pratiqué de ranking forcé », une pratique « qui n’a jamais été envisagée par l’entreprise ». « Si des dérives ont pu être observées, il s’agit d’initiatives individuelles contraires à nos valeurs et d’exceptions qui appellent toute notre vigilance », écrit l’entreprise.
France Inter rappelle que la pratique n’est illégale que lorsqu’elle s’appuie sur des quotas prédéfinis : « Par exemple quand 20 % des salariés doivent dépasser les objectifs, 70 % les atteindre, et 10 % doivent être dans la catégorie de ceux qui ne les atteignent pas. »
Dans le groupe, trente mille cadres, dont sept mille en France, sont évalués selon une méthode de notation qui conditionne le montant de la part variable de leur rémunération (bonus), explique le groupe. « L’objectif, c’est de récompenser les cadres qui ont été performants et d’aider au développement de ceux qui ont besoin de s’améliorer », dit François de Font-Réaulx, directeur des ressources humaines de Sanofi France.
« Liste noire de salariés »
Mais, selon FO, cette méthode aurait servi à créer des « quotas préétablis » de groupes de salariés plus ou moins performants. Selon Pascal Lopez, délégué syndical central FO-Sanofi Aventis Groupe, des dirigeants auraient ainsi de façon réitérée « décidé par avance d’un pourcentage d’évaluations négatives » : 10 % à la fin de 2015, 15 % ramenés à 7 % en 2016.
Le syndicaliste évoque une liste « noire » de « deux cents salariés dont il fallait se débarrasser » dans les fonctions informatiques, « détruite » en mars après que le syndicat eut saisi la direction.
M. Lopez évoque des départs sous des formes diverses, « licenciements pour insuffisance professionnelle ou défaut de performance, ruptures conventionnelles, démissions », pour « compléter à moindre coût » les plans de suppressions de postes en cours.
Sanofi conteste ces allégations. « Quand il faut ajuster les effectifs, nous le faisons comme il faut, pas sous le manteau, a déclaré M. Font-Réaulx. Sanofi ne pratique pas le licenciement individuel à visée économique. »
M. Lopez, de FO, affirme néanmoins avoir présenté à de nombreuses reprises, entre février et mai, « des preuves indiscutables », « documents et témoignages », avant de décider de « mettre sur la place publique » ces cas. La prochaine étape, « si la direction générale ne veut rien savoir », sera « d’aller en justice », a prévenu le syndicaliste.