Le premier ministre irlandais Enda Kenny, le 29 avril 2017. | OLIVIER MATTHYS / AP

Le premier ministre irlandais, Enda Kenny, s’est dit « préoccupé », dimanche 11 juin, par la perspective d’un accord entre le Parti unioniste démocratique (PUD), formation extrémiste protestante d’Irlande du Nord, et les conservateurs de la première ministre britannique, Theresa May. Cela représenterait, selon lui, « un défi » pour le processus de paix en Irlande du Nord.

Trois jours après les élections législatives anticipées au Royaume-Uni, qui ont vu le Parti conservateur de Theresa May perdre sa majorité absolue, les discussions se poursuivaient entre le PUD et les tories (conservateurs) sur son soutien éventuel au gouvernement de Theresa May. Les conservateurs ont remporté 318 sièges jeudi, soit huit de moins que le seuil de la majorité absolue. Le PUD, lui, en a obtenu dix, ce qui, combiné aux 318 des tories, donnerait à une telle coalition une majorité absolue de deux sièges.

Des discussions « positives »

Dans une conversation téléphonique avec Mme May, le chef du gouvernement irlandais, qui doit céder sa place à son successeur, Leo Varadkar, la semaine prochaine, « a fait part de sa préoccupation sur le fait que rien ne doit remettre en cause l’accord du Vendredi saint », a annoncé un porte-parole d’Enda Kenny dans un communiqué.

Mais ce projet d’alliance suscite des critiques, à cause du conservatisme social du parti nord-irlandais, mais aussi parce qu’il pose la question de la neutralité du gouvernement britannique en Irlande du Nord ; une région toujours soumise à de fortes tensions, vingt ans après la fin des « troubles », comme a été baptisé le conflit nord-irlandais commencé dans les années 60. L’accord du Vendredi saint a mis fin en 1998 à trente ans de violences interconfessionnelles qui ont fait plus de 3 000 morts entre loyalistes protestants et républicains catholiques.

Le PUD a annoncé dimanche avoir eu des discussions « positives » avec les conservateurs, mais ne pas avoir conclu d’accord pour le moment. Samedi, les services de Theresa May avaient fait savoir que le PUD était parvenu à un « schéma d’accord » avec les conservateurs.

Jeremy Corbyn y croit encore

La dirigeante du PUD, Arlene Foster, a prôné dans une interview à la chaîne de télévision Sky la formation d’« un gouvernement qui apporterait la stabilité au pays ». Le calendrier actuel est d’autant plus critique que les négociations sur un divorce du Royaume-Uni avec le restant de l’Union européenne doivent s’ouvrir le 19 juin.

Le chef de file de l’opposition travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a quant à lui déclaré au Sunday Mirror qu’il avait toujours ses chances de devenir premier ministre, après la forte progression de son parti, avec 262 députés aux Communes. Il a aussi, sur la BBC, émis la possibilité que de nouvelles élections se tiennent dans les mois à venir. « Il est tout à fait possible qu’il y ait de nouvelles élections cette année ou au début de l’an prochain, et ce serait une bonne chose parce que nous ne pouvons pas continuer comme ça avec une période de grande instabilité », a-t-il déclaré. « Nous avons un programme, nous avons du soutien et nous sommes déjà prêts à mener une nouvelle campagne électorale, dès que ce sera possible. »