Affaire Grégory : « Plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime »
Affaire Grégory : « Plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime »
Le Monde.fr avec AFP
« Quelques jours avant le passage à l’acte, des repérages et surveillances ont été réalisés, opérés par un homme (…) quelquefois accompagné d’une femme », a révélé le procureur général de Dijon.
Jean-Jacques Bosc, procureur général de Dijon, a fait le point sur les derniers éléments de l’enquête, jeudi lors d’une conférence de presse. | PHILIPPE DESMAZES / AFP
L’enquête sur la mort du petit Grégory en 1984, dans le cadre de laquelle trois membres de la famille Villemin sont en garde à vue, montre que « plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime », a annoncé jeudi 15 juin Jean-Jacques Bosc, procureur général de Dijon lors d’une conférence de presse.
« Quelques jours avant le passage à l’acte, des repérages et surveillances ont été réalisés, opérés par un homme portant une moustache et quelquefois accompagné d’une femme », a précisé Jean-Jacques Bosc, ajoutant que l’enquête s’oriente vers la vérification des emplois du temps des suspects dans le cadre de leur garde à vue.
Les trois gardés à vue sont le grand-oncle et la grand-tante du père du petit Grégory, Jean-Marie Villemin, ainsi qu’une belle-sœur de ce dernier. Ils ont tous les trois invoqué leur droit au silence, a précisé M. Bosc. Les grands-parents Villemin ont également été entendus en auditions libres.
Une lettre de menaces « confondante » pour la grand-tante
Par ailleurs, le procureur général a précisé que le juge Simon – qui a succédé au juge Lambert et a repris l’enquête du début – avait reçu de nombreuses menaces de mort, dont une lettre de menaces en 1989.
De nouvelles expertises en écriture ont été réalisées plus tard sur ces lettres. Or, les conclusions d’une expertise sur une lettre de 1983 sont « confondantes » pour Jacqueline Jacob – la grand-tante de Grégory Villemin –, actuellement en garde à vue.
« La lettre de revendication postée le jour du meurtre n’a, en revanche, pas permis à ce stade d’en déterminer l’auteur », a poursuivi le procureur général, expliquant toutefois que le courrier anonyme de 1983 et cette lettre de revendication du meurtre ont des points communs : « des mots reviennent, notamment celui du “chef” », surnom de Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory.
Pour Jean-Jacques Bosc, « les résultats qui ont été donnés sont intéressants et sont de nature à faire progresser sur le chemin de la vérité. »
Plus tôt dans la journée, Jean-Marie Villemin a été reçu par le juge d’instruction chargé de l’enquête sur la mort du petit garçon en octobre 1984 « pour aborder avec lui le dossier », ont fait savoir plusieurs sources proches du dossier.
La mère de Grégory un temps soupçonnée
Le corps sans vie de Grégory Villemin, 4 ans, avait été retrouvé au soir du 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans les eaux froides d’une rivière, la Vologne. Cette découverte avait marqué le début de l’affaire Grégory, qui reste l’une des grandes affaires criminelles non résolues du XXe siècle.
Bernard Laroche, un cousin de Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory, avait d’abord été soupçonné : inculpé pour assassinat, un temps incarcéré, il avait été remis en liberté le 4 février 1985. Convaincu de sa culpabilité, Jean-Marie Villemin l’abat d’un coup de fusil de chasse. M. Villemin sera condamné pour ce meurtre à quatre ans de prison en 1993.
En juillet 1985, le juge Jean-Michel Lambert opère un spectaculaire revirement : il porte ses soupçons vers la mère du garçonnet, Christine Villemin, qui sera totalement innocentée en 1993 au terme d’un non-lieu retentissant pour « absence totale de charges », formule inédite aux accents d’excuses et d’aveux d’erreur judiciaire.
De nouvelles traces ADN découvertes en 2013
L’affaire a été rouverte en 1999, puis en 2008, pour tenter de confondre d’hypothétiques traces d’ADN sur les scellés. En 2013, la mise au jour de nouvelles traces d’ADN sur les cordelettes ayant servi à entraver le corps de l’enfant avait relancé l’affaire.
Mais le procureur général de la cour d’appel de Dijon, Jean-Marie Beney, avait ensuite annoncé que les analyses effectuées ne permettaient pas de mettre un nom sur les profils des ADN relevés. Il y a « toujours un espoir, dans la mesure où le dossier n’est pas fermé. Mais, d’un point de vue scientifique, l’espoir s’éloigne », avait-il alors déclaré.
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