Des milliers de manifestants au Mali contre le référendum constitutionnel
Des milliers de manifestants au Mali contre le référendum constitutionnel
Le Monde.fr avec AFP
L’opposition avait appelé à une grande marche dans les rues de Bamako, la capitale malienne.
« Non à la révision de la Constitution ! », « touche pas à ma Constitution ! », scandaient des manifestants arborant T-shirt et casquette rouges, signes de leur colère. Ils étaient plusieurs milliers à manifester à Bamako, samedi 17 juin, à l’appel de l’opposition et de la société civile, contre un référendum sur un projet de révision de la Constitution, prévu le 9 juillet.
La marche d’une dizaine de kilomètres, encadrée sans incident par la police, a réuni trois cent mille personnes, selon les organisateurs, neuf mille, selon les forces de l’ordre. Une précédente manifestation, d’une centaine de personnes, contre la révision constitutionnelle, le 8 juin à Bamako, avait été dispersée par la police.
Cette révision de la Constitution de 1992, la première depuis vingt-cinq ans, vise notamment à « mettre en œuvre certains engagements de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali » signé en mai-juin 2015 entre le gouvernement et l’ex-rébellion à dominante touareg dans le nord du pays. Elle prévoit aussi la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes.
« Trop de pouvoirs au président »
« La nouvelle Constitution donne trop de pouvoirs au président de la République », estime Oumar Diallo, un membre de la société civile. « Comment peut-on organiser un référendum au moment où une partie du territoire est occupée ? » s’interroge-t-il, en allusion aux zones du nord et du centre du pays victimes d’attaques djihadistes et où la présence de l’Etat est faible.
« Avec (ces) dizaines de milliers de manifestants, c’est un véritable carton rouge pour le gouvernement, qui doit retirer ce projet de Constitution », a déclaré Djiguiba Keita, un responsable de l’opposition.
Le précédent scrutin, les élections municipales, avait dû être reporté à plusieurs reprises, pour finalement se tenir en novembre 2016 dans une partie seulement du territoire, en raison des violences dans le pays, en particulier dans le Nord.
Malgré la signature de l’accord de paix, des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU. Le Nord était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes liés à Al-Qaida, qui en ont en grande partie été chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, toujours en cours.