En Angola, la répression d’une manifestation séparatiste fait un mort et plusieurs blessés graves
En Angola, la répression d’une manifestation séparatiste fait un mort et plusieurs blessés graves
Le Monde.fr avec AFP
La police a ouvert le feu sur les partisans du mouvement Lunda Tchokwe qui réclament l’indépendance d’une province du nord du pays.
En rose, la province de Lunda-Nord, dont le mouvement Lunda Tchokwe réclame l’indépendance. Le 24 juin, un manifestation séparatiste a été réprimée par la police à balles réelles, faisant un mort et de nombreux blessés. | GOOGLE MAPS
Un manifestant a été tué, une dizaine blessés et 78 arrêtés, samedi dans le centre-nord de l’Angola lorsque la police a ouvert le feu pour réprimer une manifestation d’un mouvement séparatiste, a rapporté son président, mardi 27 juin.
Un millier de personnes ont défilé à la périphérie de la ville de Cuango, dans la province du Lunda Nord, pour dénoncer la répression et les arrestations arbitraires commises, selon eux, par la police à l’encontre des partisans du Mouvement pour la protection de la région de Lunda Tchokwe.
« Un policier a tiré sur Pimbi Tchivutche », âgé de 35 ans et père de huit enfants, qui est décédé, a rapporté José Zecamutchima, président de ce mouvement qui réclame l’indépendance de cette vaste région du nord de l’Angola.
Selon lui, un autre manifestant a été blessé par balles à la tête et hospitalisé, a affirmé M. Zecamutchima, qui a affirmé que les manifestants n’étaient pas armés.
« 51 personnes sont toujours en détention sur 78 arrêtées. Treize personnes ont été blessées, dont quatre femmes et un jeune homme de 17 ans. A Cuango, nous avons recensé un mort », a déclaré mardi de son côté à l’AFP un responsable policier.
Des affrontements ont également eu lieu à Saurimo, capitale de la province du Lunda Sul, à environ 400 km à l’est de Cuango.
Economie en coupe réglée
M. Zecamutchima a affirmé que son mouvement avait écrit en juin au président José Eduardo dos Santos et aux autorités locales pour les informer de la tenue de cette marche.
« Ce régime doit arrêter de tirer sur les gens manifestant pacifiquement et exerçant leurs droits », a-t-il notamment dénoncé.
En mars 2016, les autorités angolaises avaient déjà arrêté cinq militants du mouvement Lunda Tchokwe, soupçonnés d’avoir tenté de tuer un policier. Ils sont toujours en prison.
Le président angolais José Eduardo dos Santos, 74 ans et au pouvoir depuis 1979, est critiqué par ses adversaires pour avoir mis l’Etat et l’économie en coupe réglée.
Le régime est aussi régulièrement épinglé pour des violations des droits humains, notamment par la police et la justice qui répriment toute contestation.
L’Angola est, avec le Nigeria, l’un des deux principaux pays producteurs de pétrole d’Afrique subsaharienne, mais reste l’un des plus pauvres du continent.
Ce pays relativement stable a été le théâtre ces dernières années de violences séparatistes.
Le Front de libération de l’enclave de Cabinda (Flec) lutte ainsi depuis quarante ans dans l’enclave de Cabinda, très riche en pétrole et coincée entre les deux Congo. La majorité des 400 000 Cabindais vivent dans la pauvreté et des associations y dénoncent régulièrement des cas de torture et de violations des droits humains.