Une collecte de fonds en ligne, pour le groupe anti-IVG Les Survivants, suspendue
Une collecte de fonds en ligne, pour le groupe anti-IVG Les Survivants, suspendue
Par Violaine Morin
Un coup de pression sur les réseaux sociaux a précipité la suspension d’une opération de crowdfunding.
Les sites de crowdfunding et de transfert d’argent sont de plus en plus régulièrement mis devant leurs responsabilités morales par la pression des réseaux sociaux. Il y a quelques semaines, une fronde numérique était née contre PayPal. Le service de paiement en ligne avait fini par suspendre la collecte de Defend Europe, un projet du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire.
Associé à divers groupes européens similaires, celui-ci réunissait des fonds en ligne pour financer des opérations d’entrave au sauvetage de migrants en mer Méditerranée. Une partie des 65 000 euros collectés avaient été transférés grâce à PayPal. Une pétition signée par 30 000 personnes et une campagne de lobbying derrière le hashtag #StopDefendEuropePaypal ont poussé PayPal et le Crédit mutuel à fermer les comptes de Génération identitaire.
Cette semaine, un cas similaire s’est produit : Les Survivants, un mouvement anti-IVG qui s’est fait connaître par des actions médiatiques et un affichage sauvage de publicités dénonçant l’avortement dans le métro parisien, ont lancé une collecte. L’objectif : financer un tour de France ponctué « d’apparitions surprise », de Saint-Malo à Bayonne. L’opération a permis de récolter jusqu’à 15 700 euros.
La page d’accueil de cette cagnotte précise à ceux qui voudraient contribuer : « Défiscalisation possible ». Ce message, comme le but de la collecte, ont interpellé certains, qui, à leur tour, ont interpellé le site hébergeur, Helloasso.
salut @helloasso
comme ça pour vous les anti-#IVG sont d'intérêt général ? on se fait un point vous et moi ?
— Wupp3rtAle (@Em'Ale Country)
Bonjour @helloasso, vous hébergez une cagnotte pour un tour de France anti-IVG. Ça ne vous pas de problèmes ? https://t.co/OjwswsbVLw
— madame_blue_ (@Madam_blue)
Interrogé par LCI, Helloasso a répondu, dans un premier temps, que le compte ne serait pas suspendu. Les « pièces justificatives » requises pour démontrer qu’il s’agit bien d’un projet « d’intérêt général » avaient été fournies par les créateurs du compte.
LCI a alors interrogé les Survivants, dont un des dirigeants a révélé :
« Les Survivants sont un mouvement, pas une association. C’est donc l’association Life Parade qui a accepté de récolter les dons pour nous. »
Or, Life Parade, qui veut « encourager le respect de la vie », selon ses termes, est une association loi 1901 qui bénéficie du statut d’association d’intérêt général.
Selon le magazine Causette, l’association a obtenu en 2007 le rescrit fiscal ouvrant droit aux organismes d’intérêt général d’émettre des reçus fiscaux pour leurs donateurs. Ces derniers peuvent donc défiscaliser leurs dons, en vertu de l’article 200 du Code général des impôts. Le magazine a alors rejoint le mouvement de pression numérique, enjoignant ses lecteurs à interpeller en ligne la secrétaire d’Etat aux droits des femmes, Marlène Schiappa, ainsi que le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin.
Helloasso a finalement pris la décision, mercredi 28 juin, de suspendre la collecte des Survivants. « On suivait cette association de près, il y a des procédures de contrôle pour vérifier la finalité des projets pour lesquels on collecte via notre plateforme », affirme l’entreprise jointe par Le Monde.
« Dans ce cas précis, nous avions déjà un débat en interne pour suspendre cette cagnotte. Et à peu près au même moment, les internautes ont commencé à nous interpeller sur ce sujet. »
L’entreprise a profité de cette affaire pour évoquer la nécessité de développer la communication entre les plates-formes et l’Etat pour éviter que ce genre de « cas » ne se reproduise.
Nous avons pris la décision de suspendre la collecte #LesSurvivants. Plus d’informations ci-dessous
cc… https://t.co/IRlEJFDxNp
— helloasso (@HelloAsso)
La secrétaire d’état aux droits des femmes, Marlène Schiappa, a salué cette décision.
L' #IVG est un droit.
La République permet aux femmes de l'exercer sans entrave.
Je salue la décision courageuse… https://t.co/QC5H9Fwd2T
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa)