« Wallay » : des cités à la brousse
« Wallay » : des cités à la brousse
Par Thomas Sotinel
Cette comédie sentimentale pour les plus jeunes peut servir d’initiation à la vie dans une petite ville du Sahel.
Rat urbain rendant visite à ses cousins champêtres, fleur de bitume qui découvre les joies de la croissance en pleine terre : le retour au village est une figure de la fiction depuis que le premier paysan a fait son baluchon pour vivre en ville. Le monde moderne, ses flux migratoires et ses transports presque instantanés offrent une nouvelle option, qui met la campagne sur un autre continent que la ville.
Suisse installé au Burkina Faso (si bien installé qu’il est aussi burkinabè), Berni Goldblat s’attaque à la version pédagogique de cette remontée aux sources. Sa familiarité avec le terrain, lui permet – et c’est déjà beaucoup pour un premier long-métrage de fiction – de saisir le quotidien d’une petite ville du Sahel, sans tout à fait dépasser les limites d’un récit convenu.
Comédie sentimentale pour adolescents
Celui-ci mène Ady (Makan Nathan Diarra), un préadolescent, de la banlieue de Lyon à Gaoua, bourgade des environs de Bobo-Dioulasso. Le garçon croit y partir en vacances mais, à son insu, son père, qui l’élève seul, a chargé l’oncle Amadou de remettre Ady sur le droit chemin, qu’il a déserté au profit de petits trafics dans sa cité. Et pour l’oncle, le seul moyen d’y parvenir est de faire passer son neveu par les rites d’initiation d’une société secrète.
La situation pourrait être brutale, tragique, même (comme elle l’était dans le récent film sud-africain Les Initiés). Berni Goldblat préfère la traiter sur le mode de la comédie sentimentale pour adolescents. Le chemin du gone dévoyé sera semé d’embûches, elles sont toutes aussi surmontables que prévisibles – qu’il s’agisse de se faire à la prééminence des anciens ou de s’adapter aux lois du marché à l’africaine. Grâce aux interprètes (dont Ibrahim Koma, récemment vu dans Wulu, dans le rôle d’un cousin qui guide Ady sur le chemin de l’âge d’homme) et surtout grâce aux moments saisis dans les rues d’une petite ville ou sur les chemins de la brousse qui l’entoure, Wallay est une bonne manière d’initier les plus jeunes parmi les spectateurs aux joies et aux peines de la vie au village.
Film Annonce de Wallay
Film burkinabè et français de Berni Goldblat avec Makan Nathan Diarra, Ibrahim Koma, Joséphine Kaboré (1 h 24). Sur le Web : www.rezofilms.com/distribution/wallay