Congrès de Versailles : la gauche éparpillée entre la rue et l’hémicycle
Congrès de Versailles : la gauche éparpillée entre la rue et l’hémicycle
Par Abel Mestre, Sylvia Zappi
Contrairement au PS qui a siégé, les communistes et La France insoumises avaient décidé de boycotter Versailles et d’organiser, chacun de son côté, un rassemblement de protestation.
A chacun sa façon de faire. Lundi 3 juillet, chaque famille de la gauche parlementaire a réagi à sa manière au discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès réuni à Versailles. Le Parti communiste et La France insoumise – dont les élus avaient décidé de ne pas faire le déplacement – ont organisé chacun de leur côté un rassemblement pour marquer leur désapprobation des méthodes du président de la République. Le PS, lui, était bien présent dans la salle du Congrès et ses présidents de groupe – Olivier Faure, à l’Assemblée nationale, et Didier Guillaume, au Sénat – se sont exprimés pour dénoncer « le flou » d’Emmanuel Macron.
- Pierre Laurent : « Non à la caporalisation de la République »
Lundi, en début d’après-midi, quelque 200 personnes s’étaient donné rendez-vous à l’appel du PCF devant l’hôtel de ville de Versailles. Vêtus de bonnets phrygiens, les manifestants – la plupart des élus et militants communistes – ont entonné avec les jeunes socialistes du MJS, qui avaient fait le déplacement, le chant de La Carmagnole. « C’est un rassemblement symbolique, avenue des Etats-Généraux, pour dire non à la dérive monarchique du président de la République », a expliqué Pierre Laurent dans une courte intervention. Le sénateur de Paris a ajouté qu’il « n’était pas question de faire allégeance à la caporalisation de la République ».
- Jean-Luc Mélenchon dénonce « un premier coup de force »
Jean-Luc Mélenchon avait, quant à lui, convoqué un rassemblement, à Paris, en fin de journée. Juste après l’intervention du chef de l’Etat, le leader de La France insoumise fustigeait dans un texte publié sur Facebook, « l’interminable pluie de truismes (…), le bonapartisme surjoué, l’européisme bêlant ». Il conclut : « Niveau rédactionnel de chambre de commerce, pensée politique d’un dogmatisme libéral aussi désuet que lunaire. »
Quelques heures plus tard, place de la République, devant un millier de sympathisants, il a justifié le boycott du Congrès, par « l’exceptionnelle gravité » des événements politiques en cours. « Entendre le président délivrer la bonne parole avant le premier ministre est une situation qui relève de la monarchie. » C’est un « premier coup de force », avant celui que constitue « la session extraordinaire pour voter l’abrogation du code du travail », a ajouté le député des Bouches-du-Rhône. « Ce sont cent cinquante ans de luttes sociales qu’on met à terre ! », a-t-il encore tonné, avant d’appeler la foule à se retrouver dans la rue le 12 juillet.
- Olivier Faure fustige une « politique sans choix »
Olivier Faure, le président du groupe Nouvelle Gauche, n’était pas, lui, dans la rue mais bien dans la salle du Congrès. Le chef de file des députés socialistes a mis en garde le chef de l’Etat contre « [lui]-même ». « Votre jeunesse ne vous met pas à l’abri de vous tromper d’époque », a lancé M. Faure qui a dénoncé la « politique et de gauche et de droite » menée par l’exécutif. « Une politique sans choix », a résumé le député de Seine-et-Marne. « Méfiez-vous de la victoire, M. le président, elle peut être mauvaise conseillère », a-t-il encore averti. Olivier Faure, qui est tenant d’une ligne « modérée » sans opposition systématique, a défini la ligne de conduite à venir du groupe qu’il dirige à l’Assemblée : « Chaque fois que vos décisions conduiront la France sur les chemins d’un progrès partagé, nous serons là pour approfondir et consolider. Chaque fois que vos décisions auront pour effet d’accroître les inégalités, vous rencontrerez notre ferme opposition. »