Edouard Philippe, mardi 4 juillet, devant l’Assemblée nationale. | Michel Euler / AP

Un balayage rapide, en toute fin du discours de politique générale d’Edouard Philippe. Les questions environnementales n’ont occupé qu’une place secondaire dans l’intervention solennelle du premier ministre, mardi 4 juillet, devant l’Assemblée nationale. Pour rassurer son ministre de la transition écologique et solidaire, assis à quelques mètres de lui, le chef du gouvernement a affirmé que la France devait « profondément modifier son rapport aux ressources » et viser la neutralité carbone d’ici à 2050. L’objectif figurait en tête de la feuille de route transmise par Nicolas Hulot à Matignon, le 15 juin. Il va au-delà de la loi de transition énergétique d’août 2015, qui prévoit de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre de la France au milieu du siècle, par rapport au niveau de 1990.

Pour le reste, Edouard Philippe a égrené une série de propositions visant à appliquer le programme d’Emmanuel Macron lorsqu’il était candidat à l’élection présidentielle. Il s’est engagé à aligner la fiscalité du diesel sur celle de l’essence « avant la fin de la mandature », en 2022, à diviser « par deux les déchets mis en décharge » d’ici à 2025 et à recycler « 100 % des plastiques » à la même échéance. Il a également assuré que la France n’accorderait plus de nouveaux permis d’exploration d’hydrocarbures et promis une accélération de la « montée en puissance de la fiscalité carbone » et la fin des « passoires thermiques » [les habitations mal isolées] d’ici à dix ans.

Dans un calendrier plus proche, le gouvernement confirme la tenue des Etats généraux de l’alimentation – qui seront l’occasion, notamment, d’aborder « sans faux-semblant » la question des pesticides et des perturbateurs endocriniens – et l’organisation à la rentrée des assises de la mobilité pour réfléchir à la place des transports.

50 milliards d’euros

Pour financer ces mesures, le premier ministre compte s’appuyer sur le grand plan d’investissement de 50 milliards d’euros – un chiffrage déjà dévoilé dans les documents de campagne de M. Macron – dédié à la transition écologique, la santé, les transports, l’agriculture et la modernisation de l’Etat et piloté par l’économiste Jean Pisani-Ferry.

En revanche, Edouard Philippe n’a rien dit des orientations nationales dans le domaine du nucléaire et des énergies renouvelables. Pas un mot non plus sur les enjeux de biodiversité fixés par la loi d’août 2016, ni sur l’épineux dossier du projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes, suspendu à la mission de médiation mise en route par le nouvel exécutif.

Le chef du gouvernement n’a, par contre, pas éludé le thème crucial du changement climatique. « Ceux qui tournent le dos à l’accord de Paris manifestent plus qu’une simple incompréhension du monde qui vient. Ils ont peur du futur », a-t-il prévenu, en référence aux Etats-Unis de Donald Trump. Le plan climat, annoncé pour jeudi 6 juillet, devrait permettre d’apprécier le niveau ambition de la France dans ce dossier. « Je n’ose croire qu’à la vue de tous les efforts diplomatiques, climatiques, déployés par Emmanuel Macron depuis le début de sa mandature, le gouvernement s’en tienne à si peu en matière de transition énergétique et écologique », escompte Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace France.