Quand on adapte en film un manga comme « Fullmetal Alchemist », « on ne peut pas tout dire »
Quand on adapte en film un manga comme « Fullmetal Alchemist », « on ne peut pas tout dire »
Propos recueillis par Ophélie Surcouf
Ce célèbre manga est, pour la première fois, adapté en film live. A l’occasion de la Japan Expo, qui vient de s’achever à Villepinte, l’équipe du film explique le défi que représente l’adaptation d’un tel manga en film.
« Fullmetal Alchemist » raconte l’histoire de deux frères partis en quête de la pierre philosophale. | Hiromu Arakawa / SQUARE ENIX
Fullmetal Alchemist est un manga incontournable. Publié entre 2001 et 2010, écoulé à plus de 70 millions d’exemplaires dans le monde, il a fait l’objet de plusieurs adaptations en animés qui ont chacune apporté leur pierre à l’histoire, voire l’ont complètement fait dévier. Pour la première fois, une adaptation en film « live action », tournée avec des acteurs, a été réalisée ; la sortie est prévue en décembre au Japon.
Fullmetal Alchemist raconte l’histoire de deux frères alchimistes à la recherche de la pierre philosophale pour retrouver leurs corps : Edward Elric, l’aîné, a perdu un bras et une jambe tandis que l’âme de son frère Alphonse est coincée dans une armure géante à la suite d’un rituel qui a mal tourné.
A la convention Japan Expo, qui s’est achevée dimanche 9 juillet à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, la foule s’est pressée pour assister à la projection en avant-première européenne des premiers extraits du film, dont la débauche d’effets spéciaux entend rivaliser avec celle des grandes productions hollywoodiennes.
A cette occasion, Pixels a rencontré l’équipe du film : le réalisateur Fumihiko Sori, l’idole du groupe Hey ! Say ! JUMP !, Ryosuke Yamada (dans le rôle d’Edward Elric) et l’actrice Tsubasa Honda (dans celui de Winry Rockbell).
FULLMETAL ALCHEMIST - Official Trailer 2【HD】
Fullmetal Alchemist est un manga particulier, puisque il y a plusieurs histoires dont s’inspirer pour faire un film. Etait-ce une évidence de suivre l’histoire du manga plutôt que celle du premier animé ?
Ryosuke Yamada : Il y a beaucoup de fans de l’histoire originale. C’est pour cela que nous nous sommes beaucoup inspirés du manga et avons mis des scènes connues dans le film. Surtout que c’est l’opportunité de les faire découvrir à ceux qui ne l’auraient pas encore lu !
Alphonse a perdu son corps à la suite d’un rituel qui a mal tourné et est coincé dans une armure en métal géante. | OXYBOT
Comment raconte-t-on un manga de plus de 50 épisodes en un film ?
Fumihiko Sori : On ne peut pas tout dire. Dans le film, nous avons mis un tiers de l’histoire du manga. Cela ne veut pas dire qu’il y aura un « à suivre… » Le film est une histoire complète. Mais s’il a du succès, nous aimerions beaucoup en faire d’autres et raconter les deux tiers restants.
Les films de « live action » sont-ils très populaires au Japon ?
Tsubasa Honda : Oui ! Surtout ceux qui se passent à l’école ou racontent des histoires de lycéens.
Yamada-san, vous n’en êtes pas à votre premier film de « live action ». Vous avez déjà joué dans l’adaptation d’Assassination Classroom, un autre manga nécessitant des effets spéciaux…
Assassination Classroom Live-Action - Official Teaser Trailer
R. Y. : Vous voyez le personnage jaune dans Assassination Classroom ? Quand on filmait les scènes, il y avait un mannequin couvert de capteurs qui bougeait autour de nous. C’était tellement plus fluide que pour Fullmetal Alchemist !
Qu’est-ce qui était plus difficile dans Fullmetal Alchemist ? Jouer avec les fonds verts ?
R. Y. : Le problème n’était pas tant les fonds verts qu’Alphonse ! Son armure est entièrement faite avec des effets spéciaux, ce qui rendait tout très compliqué.
T. H. : On avait juste un signe avec le visage d’Alphonse à une certaine hauteur pour dire : « regardez, il est là. » Et comme il fait 2,20 mètres, il fallait toujours regarder en l’air.
F. S. : J’étais un peu inquiet pour vous deux. Vous alliez devoir parler dans le vide pendant tout le film ! L’une des scènes les plus difficiles était un combat entre Edward et Alphonse. La scène demandait beaucoup d’émotions et, en plus, Yamada-san devait se battre contre un adversaire invisible.
L’auteure du manga, Hiromu Arakawa, s’est dite impressionnée par la qualité du rendu d’Alphonse : « la surface de l’armure reflète le paysage environnant. Penser que le film entier serait fait avec cette qualité d’effets spéciaux m’a vraiment impressionnée… »
F. S. : Il a fallu plus d’un an pour réaliser Alphonse en CGI, une première au Japon. C’est la plus longue période de réalisation d’effets spéciaux pour un film japonais.
Animer Alphonse a demandé un an de travail, rien que pour la bande-annonce. | OXYBOT
Vous avez été accueillis par les cris des fans en France. Pour vous, qu’est-ce qui explique le succès de Fullmetal Alchemist ?
T. H. : Le noyau de l’histoire nous concerne tous. Le manga parle de famille, des relations fraternelles entre les deux héros, de l’abandon de leur père, la mort de leur mère…
R. Y. : Il parle d’être humain, avec philosophie. Pour moi, c’est ce qui rend Fullmetal Alchemist si unique.
Dans un manga, les réactions des personnages sont souvent exagérées, parfois presque inhumaines. Comment fait-on pour rendre à l’écran des réactions de personnages dessinés ?
R. Y. : On ne peut pas reproduire toutes les réactions d’un personnage de manga dans un film. Mais j’avais toujours le manga en poche pour m’inspirer d’Edward. Dans une scène d’ailleurs, Edward courait dans le manga d’une manière très bizarre. Une personne normale ne court pas comme ça. Mais je me suis entraîné pendant des heures pour l’imiter. Je crois que j’ai réussi !