Affaire de la « sextape » de Valbuena : une victoire judiciaire pour Karim Benzema
Affaire de la « sextape » de Valbuena : une victoire judiciaire pour Karim Benzema
Par Simon Piel
Le footballeur contestait la validté de l’enquête dont la légalité de certaines écoutes téléphoniques. La Cour de cassation lui a donné raison sur ce point.
Le footballeur Karim Benzema vient de remporter une victoire judiciaire importante dans l’affaire dite de la « sextape ». La Cour de cassation a rendu, mardi 11 juillet, un arrêt dans lequel elle infirme une décision de la cour d’appel de Versailles qui avait validé la procédure dans laquelle il est mis en examen pour complicité de tentative de chantage. L’attaquant vedette est soupçonné d’être intervenu auprès de Mathieu Valbuena en octobre 2015, lors d’un rassemblement des Bleus à Clairefontaine, au sujet d’une vidéo intime, subtilisée par trois personnes qui ont ensuite tenté de le faire chanter.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles avait été saisie par les conseils de Karim Benzema qui considéraient que l’enquête avait été déloyale et que la violation du secret de l’instruction avait fait grief à leur client. Il était notamment reproché aux policiers chargés de l’enquête d’avoir contribué à provoquer l’infraction.
L’un des enquêteurs s’était ainsi fait passer au téléphone pour un représentant de Mathieu Valbuena auprès des personnes détenant la « sextape » afin de négocier avec eux sa restitution. Les conseils de Karim Benzema avaient souligné que c’est le dénommé « Lukas » (le pseudonyme choisi par l’enquêteur) qui avait pris l’initiative de rappeler les maîtres chanteurs puis d’aborder la question financière alors même que celle-ci n’avait pas été encore soulevée.
La Cour de cassation demande ainsi à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris de se pencher de nouveau sur la manière dont l’enquête a été conduite, car elle note que « porte atteinte au droit à un procès équitable et au principe de loyauté des preuves le stratagème qui en vicie la recherche par un agent de la force publique ». Un nouvel examen dont on ne connaîtra pas l’issue avant plusieurs mois. Karim Benzema reste donc mis en examen.
Contacté, Sylvain Cormier, l’avocat du footballeur considère que cet arrêt « constitue la sanction de ce que l’on dénonce depuis le début concernant la déloyauté des moyens d’investigation ». Patrice Spinosi, son avocat à la Cour de cassation, se montre très optimiste de son côté et assure que « si elle suit la décision de la Cour de cassation, ce qui est fort probable, la chambre de l’instruction n’a pas d’autre choix que d’annuler la totalité de la procédure ».
Maîtres chanteurs identifiés
C’est évidemment moins simple du point de vue de Me Didier Domat, défenseur de Mathieu Valbuena, qui souligne que « l’arrêt ne dit pas en quoi la procédure a été viciée et tient à rappeler que la Cour de cassation se prononce sur la forme et non sur le fond ». « Il y a une victime dans cette affaire. Et Mathieu sait ce qu’il s’est passé », ajoute-t-il.
L’enquête avait permis d’identifier les organisateurs présumés du chantage, Mustapha Zouaoui et Axel Angot, qui gravitent depuis des années dans l’entourage des footballeurs, ainsi que l’interlocuteur des policiers Younès Houass. Mustapha Zouaoui et Axel Angot s’étaient ensuite tournés vers Karim Zenati, un ami de Karim Benzema, afin que l’attaquant du Real Madrid pousse Mathieu Valbuena à payer.
La cour d’appel de Paris devra donc aussi déterminer si du fait du choix d’enquête fait par les policiers, la deuxième tentative de chantage menée par Karim Zenati, lui aussi mis en examen, a été provoquée par les services enquêteurs.