Macron, ou comment conjurer le syndrome Hollande
Macron, ou comment conjurer le syndrome Hollande
Par Cédric Pietralunga
Le chef de l’Etat entend « maintenir le rythme » des réformes, assure-t-il dans un entretien à « Ouest-France » publié jeudi 13 juillet.
« J’ai décidé qu’on n’attendrait pas. » Accusé depuis quelques jours de vouloir renier certaines de ses promesses de campagne, en reportant notamment à 2019 les réformes de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et de la taxe d’habitation, comme l’a suggéré le premier ministre, Edouard Philippe, dans son discours de politique générale le 4 juillet, Emmanuel Macron a décidé de mettre lui-même les points sur les « i ». Pas question de laisser penser qu’il serait un François Hollande bis, alors que les études d’opinion montrent des premiers signes de défiance.
Dans un entretien publié jeudi 13 juillet par Ouest-France et les journaux allemands du groupe Funke, le chef de l’Etat assure qu’il ne temporisera pas. Au contraire, il va « maintenir le rythme » des réformes pour « conforter la confiance des Français et des investisseurs ».
« Nous devons baisser la dépense publique de plus de trois points de PIB durant ce quinquennat. Et l’on baissera d’un point de PIB, soit 20 milliards d’euros, la fiscalité des ménages et des entreprises. Ce sont, avec le respect des engagements pris, les ancres de note politique », martèle M. Macron, qui sait pour l’avoir vécu lors du précédent quinquennat que les premiers pas d’un gouvernement sont déterminants dans la perception de sa réussite.
Faire « bouger » l’Allemagne
Après la loi sur la réforme du code du travail, qui sera « achevée avant la fin de l’été », l’ex-ministre de l’économie assure que les « réformes de l’assurance-chômage et de la formation professionnelle » seront « négociées à l’automne-hiver, avec une loi d’ici début 2018 ». Concernant la refonte du système des retraites, « les orientations seront présentées au Parlement au premier semestre 2018 », annonce le chef de l’Etat. Objectif : passer des 37 régimes actuels à « un régime beaucoup plus fort et stable », c’est-à-dire mettre fin à l’ensemble des régimes spéciaux, une réforme sur laquelle Alain Juppé avait buté en 1995.
« Certains ont voulu faire croire qu’il y avait un ralentissement ! Tout ce que je vous dis, c’est ce que j’ai dit pendant la campagne et j’ai confirmé au premier ministre qu’il pouvait aller totalement dans ce sens », précise le président de la République, confirmant en creux qu’il y a bien eu une forme de recadrage d’Edouard Philippe, qui voulait mettre davantage l’accent sur les mesures de réduction du déficit public.
« Les gens veulent voir des faits et les engagements pris respectés. Il faut donner des signaux clairs dès le début », justifie M. Macron.
Preuve de sa détermination, le chef de l’Etat indique qu’il entend aussi faire « bouger » l’Allemagne, pour que celle-ci mène une politique de « relance de l’investissement public et privé en Europe ». « L’Allemagne bénéficie (…) des dysfonctionnements de la zone euro. Cette situation n’est pas saine, parce qu’elle n’est pas durable », justifie M. Macron, qui devait recevoir Angela Merkel à Paris jeudi, à l’occasion d’un conseil des ministres franco-allemand. Pas sûr que la chancelière ait apprécié le mot d’accueil.