Après le déluge, les musées de Paris mesurent les dégâts
Après le déluge, les musées parisiens mesurent l’étendue des dégâts
Par Roxana Azimi
Mineurs à la BNF et aux Arts Décos, les dommages liés aux pluies du 9 juillet sont plus importants au Louvre et au ministère de la culture.
« Plus de peur que de mal », souffle Sylviane Tarsot-Gillery, directrice générale de la BNF, à Paris. Lundi 10 juillet, ses équipes redoutaient le pire après les pluies torrentielles de la veille. En une heure, il est tombé l’équivalent de trois semaines de précipitations en moyenne en juillet. Les vidéos montrant le métro parisien inondé ont fait le tour des réseaux sociaux. Le constat, à 8h du matin, était alarmant. Dans le magasin de stockage du département des manuscrits médiévaux de la BNF, l’eau avait goutté du plafond sur certaines reliures, pendant que d’autres opus avaient été humidifiés par les centimètres d’eau au sol. Quatre jours plus tard, les voilà rassurés. « Neuf ouvrages sur 143 sont encore au séchage, les autres regagnent les rayonnages, détaille Sylviane Tarsot. Mais les équipes de sauvegarde estiment qu’il faut une restauration – soit du papier, soit des couvertures – pour 14 ouvrages. »
Dans le magasin de stockage du département des manuscrits médiévaux de la Bibliothèque François Mitterrand à Paris, neuf ouvrages sur 143 sont encore au séchage, les autres ont regagné les rayonnages. | © GEORGES FESSY/DOMINIQUE PERRAULT ARCHITECTURE/ADAGP
Pas de péril en la demeure non plus aux Arts Décos, à Paris. « Les verrières ont tenu le coup, mais les torrents d’eau du jardin ont traversé le hall au niveau du 107 rue de Rivoli », raconte Olivier Gabet, directeur de l’établissement. Les œuvres au sous-sol étaient toutes hors d’eau, y compris une collection de photos documentaires qui a été évacuée pour déshumidifier les espaces. Quant à l’école nationale supérieure des beaux-arts, elle n’accuse qu’une petite infiltration sur la fresque de son amphithéâtre peinte par Paul Delaroche et fraîchement restaurée. « Au moment de notre invasion Nuit Debout l’an dernier, des étudiants sont montés sur le toit pour enlever le drapeau français en défonçant les portes. Elles ont été réparées, mais ont été encore forcées par des étudiants. Ils ont laissé des cannettes qui ont bouché le chenal d’évacuation d’eau », regrette le directeur de l’école, Jean-Marc Bustamante.
Au Louvre, les « Saisons » de Poussin abîmées
Les violentes intempéries ont fait des dégâts plus importants au Louvre, comme l’a révélé, dès le 11 juillet, la Tribune de l’Art. Selon le site Internet, plusieurs tableaux du cycle des Saisons de Nicolas Poussin auraient été abîmés, ainsi qu’une peinture de Jean-François de Troye et des tissus coptes. Sollicité, le musée est resté muet jusqu’à la publication le 13 juillet d’un communiqué détaillant l’ampleur des dommages. Les infiltrations ont touché les salles de l’art de l’islam, la salle des Sept-cheminées, où est accroché le cycle des Saisons de Nicolas Poussin, et certaines salles de peinture. Deux tableaux de Poussin et une œuvre de Jean-François de Troye ayant subi des coulures sur leur vernis ont été décrochés. En raison de traces d’eau sur les murs, trois tableaux de Georges de la Tour et d’Eustache Le Sueur ont également été évacués de manière préventive.
Des inondations au Louvre classées « secret défense » https://t.co/et5RZrWDm6 https://t.co/VGs37LL16a
— ltdla (@La Tribune de l'Art)
Le ministère de la Culture accuse aussi le coup, après l’inondation des sous-sols de l’immeuble des Bons Enfants, rue Saint Honoré, suite à une rupture de canalisation. Les dégâts matériels sont tels que le bâtiment, qui abrite une partie des services administratifs du ministère, a été fermé toute la semaine pour assécher les espaces et vérifier les capteurs de sécurité. Selon la rue de Valois, 5 à 10 % des archives concernant les monuments historiques et l’archéologie, soit 3 ,5 kilomètres de linéaires, ont été mouillés. Le 13 juillet, ils étaient toujours en cours d’évacuation. Le site des Bons enfants devait rouvrir lundi 16 juillet.