Une association antivaccin prépare une action de groupe en France contre quatre laboratoires pharmaceutiques, dont les produits seraient responsables, selon elle, d’une recrudescence des cas d’autisme chez les enfants, rapporte lundi 24 juillet Le Parisien.

Autisme Vaccinations, qui dit réunir près d’une centaine de familles, compte introduire son action en septembre auprès du tribunal de grande instance de Paris. Les groupes visés sont le français Sanofi, les américains Pfizer et Eli Lilly, et le britannique GlaxoSmithKline.

Aucune relation entre les troubles autistiques et les vaccins

« Ces familles entendent “demander réparation des dommages causés par la vaccination pédiatrique”, responsable, selon elles, d’une recrudescence des cas d’autisme chez les jeunes enfants », écrit le quotidien. A l’origine de cette initiative, Martine Ferguson-André, membre de la commission santé d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), précise au Parisien vouloir attaquer ces laboratoires « qui ont commercialisé ces vaccins, pour connaître la vérité ». Aucune étude n’a montré, à ce jour, de lien entre la vaccination et l’autisme.

Cette action de groupe intervient au moment où le gouvernement vient d’annoncer que le nombre de vaccins obligatoires pour la petite enfance passerait de 3 à 11, l’an prochain. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, prévoit un projet de loi en ce sens avant la fin de l’année.

Idée reçue n°2 : « Les vaccins peuvent causer l’autisme »

FAUX

Il n’y a aucune relation entre les troubles autistiques et les vaccins. Bien que nous n’ayons, à l’heure actuelle, pas cerné l’ensemble des facteurs qui favorisent les troubles autistiques, ceux-ci n’ont absolument rien à voir avec les vaccins, comme l’ont prouvé au moins cinq études scientifiques indépendantes depuis 1998. Cette année-là, une étude du docteur britannique Andrew Wakefield publiée dans la revue The Lancet tentait de démontrer une relation de cause à effet entre le vaccin rougeole-oreillons-rubéoles (ROR) et l’autisme. L’article de Wakefield contient pourtant des erreurs d’analyse et de méthodologie grossières et la communauté scientifique ne tardera pas à émettre de nombreuses critiques sur les travaux du chirurgien britannique.

Les pairs de Wakefield pointent, à raison, que les conclusions de l’étude ne s’appuient sur aucune statistique et sur un échantillon exceptionnellement petit (12 sujets), que l’étude n’a utilisé aucun groupe de contrôle et que le protocole établi reposait en partie sur des témoignages faisant appel à la mémoire des sujets, mémoire dont on connaît très bien le fonctionnement et dont les biais et la faillibilité sont abondamment documentés.

Les résultats de l’étude n’ont jamais pu être reproduits par d’autres scientifiques, ce qui est une condition sine qua non pour valider des résultats. Des études successives publiées de 1999 à 2012 portant sur un nombre grandissant d’enfants n’ont jamais pu établir un quelconque lien de causalité entre le vaccin ROR et des troubles autistiques. En 2004, The Lancet publie un communiqué réfutant totalement les conclusions de l’étude de Wakefield, et qualifiant le geste de son équipe de fraude scientifique : « Ils ont délibérément sélectionné les données qui confirmaient leur hypothèse et ont falsifié les faits. » Il a été révélé en 2007 que Wakefield a été payé (plus de 400 000 livres, soit l’équivalent de près de 600 000 euros à l’époque) par un avocat britannique souhaitant poursuivre le laboratoire produisant le vaccin. L’étude a été rétractée par la revue en 2010.

La fraude a eu beau être révélée et les conclusions strictement invalidées, l’exposition médiatique dont ont bénéficié ces conclusions, certes mensongères mais choc, a durablement implanté l’idée dans une partie de l’opinion occidentale que les vaccins présentent des dangers pour les enfants. Aux Etats-Unis par exemple, on estime aujourd’hui qu’un parent sur quatre croit encore que les vaccins peuvent provoquer des troubles autistiques.