L’ex-président Abdoulaye Wade se dit « éternel » et sûr de sa victoire aux législatives sénégalaises
L’ex-président Abdoulaye Wade se dit « éternel » et sûr de sa victoire aux législatives sénégalaises
Par Amadou Ndiaye (contributeur Le Monde Afrique, Dakar)
A Dakar, lors d’une marche abrégée par la police, le candidat au scrutin du 30 juillet a dénoncé le retard pris dans la distribution des cartes d’identité.
Au Sénégal, à l’approche des législatives du 30 juillet, de nombreux électeurs sénégalais n’ont toujours pas récupéré la carte d’identité biométrique qui leur permettra de voter. Un problème dont a voulu s’emparer l’ancien président Abdoulaye Wade, tête de liste de la Coalition gagnante Wattu Senegaal, en tentant de manifester, mardi 25 juillet à Dakar, en dépit de l’arrêté ministériel du 20 juillet qui interdit tout rassemblement en certains points sensibles de la capitale.
De fait, la marche voulue par Abdoulaye Wade, qui devait passer par la place de l’Indépendance et devant le ministère de l’intérieur, a été interdite par le préfet. Et, face à l’entêtement de l’ex-président, les forces de l’ordre ont repoussé les manifestants à coups de grenades lacrymogènes lancées depuis des barrages dressés à l’entrée de toutes les artères qui mènent au centre-ville de Dakar.
« Le hold-up ne passera pas »
Mardi, à 16 h 30, au rond-point Poste-Médina, à 2 km de la place de l’Indépendance, la foule commençait à scander « Gorgui mo bari dolé ! » (« Gorgui le plus fort », en référence au surnom de M. Wade, qui signifie « le vieux » en wolof). Habillés de tee-shirts à l’effigie d’Abdoulaye Wade, mais aussi de Khalifa Sall, le maire de Dakar actuellement en prison, et d’autres leaders de l’opposition, les militants ont réclamé leurs cartes d’identité biométriques.
A quelques mètres de ce groupe bouillonnant, des éléments de la brigade anti-émeute. Les forces de l’ordre ont éconduit Abdoulaye Wade et ses lieutenants, qui n’ont pas opposé de résistance. Avec les militants restés, le face-à-face n’aura pas duré longtemps non plus, la foule étant rapidement dispersée par les gaz lacrymogènes, avant qu’un camion de police ne l’asperge d’eau chaude.
Le président « Macky Sall nous rendra nos cartes ou il restituera au peuple les 50 milliards de francs CFA [environ 76 millions d’euros] qui ont servi à leur confection », a lancé, du haut d’un pick-up le maire socialiste de la commune de Mermoz-Sacré-Cœur, Barthélémy Dias. « Le hold-up ne passera pas et Macky Sall sortira les cartes quoi que cela puisse nous coûter ! », a ajouté ce proche de Khalifa Sall.
« Ils ont eu peur »
De retour dans sa résidence du quartier de Fann, Abdoulaye Wade a expliqué à la presse que la marche n’avait certes pas eu lieu, mais que « cela avait été un succès ». Une contradiction ? « Non », estime l’ancien président : « Je le dis et je le répète, cela a été un succès. Ils ont été ébranlés et ils ont eu peur, ils sont affolés ! »
Drapé dans un grand boubou bleu, calot blanc et châle de la même couleur, Abdoulaye Wade a déclaré : « Les forces de Macky Sall nous ont barré la route. […] Nous connaissons nos responsabilités, c’est de faire en sorte que les gens votent massivement pour défaire Macky Sall. […] Vous avez pu le constater : l’annonce de cette marche a fait que, depuis trois jours, le régime est en train de sortir en masse les cartes d’identité. »
M. Wade se dit certain que Macky Sall a trop peur de lui pour accepter le débat public qu’il appelle de ses vœux. Sûr de ses forces et même un peu plus quand on l’interroge sur une éventuelle retraite : « Je ne me retirerai pas de la vie politique sénégalaise car je suis éternel. En vertu de quel droit, parce que je suis âgé, vous me demandez de me retirer de la vie politique ? Ceux qui doivent décider, ce sont les Sénégalais. »