Affaire Grégory : la parole de Murielle Bolle confrontée à celle de son cousin
Affaire Grégory : la parole de Murielle Bolle confrontée à celle de son cousin
Le Monde.fr avec AFP
Ce témoin de dernière minute dans l’affaire Grégory prétend avoir recueilli les confidences de la belle-sœur de Bernard Laroche avant qu’elle se rétracte, il y a 33 ans.
La belle-soeur de Bernard Laroche, Murielle Bolle (3ème G) arrive au Palais de Justice d'Epinal, le 29 janvier 1985, pour une confrontation, déjà, avec les gendarmes. | MARCEL MOCHET / AFP
Tout oppose leurs versions de cette fameuse soirée du 5 novembre 1984, un tournant dans l’affaire Grégory. Le vendredi 28 juillet, Murielle Bolle sera confrontée à son cousin, dont le témoignage a été déterminant dans son incarcération fin juin. Et avec cette confrontation, la justice se repenche sur les deux versions de cette fin de journée de 1984.
Celle qui avait 15 ans à l’époque a-t-elle subi des violences familiales ce soir-là, entraînant la rétractation de son témoignage incriminant son beau-frère Bernard Laroche ?
C’est ce qu’affirme ce parent, qui a récemment témoigné pour la première fois, et que conteste Murielle Bolle.
À l’époque, les premières déclarations de l’adolescente n’avaient pas convaincu et cette dernière avait fini par dire aux gendarmes qu’elle était dans la voiture de son beau-frère, passé prendre Grégory le 16 octobre 1984, jour de sa mort, avant de le déposer, pensait-elle, chez des amis des parents de l’enfant.
Le 5 novembre 1984, Murielle Bolle avait répété ces déclarations devant le juge d’instruction, qui décidait en conséquence d’inculper et d’écrouer Laroche. Mais le lendemain, après une nuit en famille, elle était revenue avec sa mère pour se rétracter, disant avoir parlé sous la contrainte des gendarmes.
Le cousin de Murielle Bolle affirme qu’il était présent lors de cette fameuse soirée. Il décrit aux gendarmes « une scène insoutenable », un « lynchage » de la jeune fille qui « a pris énormément de gifles par les membres de sa famille », selon des extraits de procès-verbaux d’audition publiés par Le Monde.
« Des arguments solides »
Si les enquêteurs considéraient déjà comme « établi » que Murielle Bolle avait été « malmenée » par sa famille, le cousin ajoute avoir reçu ce soir-là ses confidences : elle lui aurait avoué avoir bel et bien assisté à l’enlèvement.
Murielle Bolle, qui a aujourd’hui 48 ans, a été mise en examen fin juin pour enlèvement suivi de mort et placée en détention provisoire. Mais elle a maintenu jusqu’ici sa version des faits : elle n’était pas dans la voiture de Laroche et n’a subi aucune violence de la part de sa famille.
Le témoin, décrit comme ayant une santé fragile, dit avoir décidé de parler après l’arrestation de Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de Grégory, mi-juin. Soupçonnés d’être les fameux « corbeaux » de l’affaire, ils sont mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort.
Comprendre l'affaire Grégory en 4 minutes
Durée : 03:57
Vendredi, dans le bureau de la présidente de la chambre de l’instruction de Dijon, Claire Barbier, ce nouveau témoin va devoir répondre aux avocats de Mme Bolle, qui disent avoir des « arguments solides pour faire vaciller » sa déposition.
L’une des questions sera notamment la présence sur les lieux d’un avocat, Paul Prompt, aujourd’hui décédé. Le parent de Murielle Bolle jure l’avoir vu ce soir-là. Les avocats de sa cousine affirment pouvoir démontrer qu’il ne pouvait être présent.
Me Jean-Christophe Tymoczko, l’avocat du cousin, reconnaît que ce point « sera âprement discuté » et que c’est « le talon d’Achille » de la déposition de son client, qui compte cependant rappeler à Murielle Bolle « certains points indiscutables ».
« Bouger la sensibilité de Murielle »
« Il attend impatiemment de pouvoir s’exprimer » et espère « bouger la sensibilité de Murielle, pour qu’elle admette qu’il n’est pas un menteur », explique-t-il à l’AFP.
Me Tymoczko devra cependant attendre son client à l’extérieur, car ce dernier est entendu comme simple témoin.
Me Stéphane Giuranna, l’avocat de Marcel Jacob, et Me Thierry Moser, l’avocat des époux Villemin, avaient par ailleurs demandé à être présents, une requête rejetée par la présidente de la chambre de l’instruction, a-t-on appris de source judiciaire.
Dans son arrêt de 1993 innocentant Christine Villemin, la cour d’appel de Dijon avait écarté toute « intention criminelle » de Murielle Bolle quand bien même elle aurait « facilité » l’enlèvement en accompagnant son beau-frère, estimant « impossible » de l’inculper en « l’état ».
En discréditant le témoignage de son cousin, les avocats de Murielle Bolle veulent faire un pas vers sa mise hors de cause, avant de plaider sa remise en liberté sous contrôle judiciaire, le 4 août, devant la chambre de l’instruction de Dijon.