Edouard Philippe : « Je ne suis pas là pour faire plaisir »
Edouard Philippe : « Je ne suis pas là pour faire plaisir »
Le Monde.fr avec AFP
Dans un entretien au « Parisien », le premier ministre assume les premières mesures du gouvernement et détaille ses priorités pour 2018.
Edouard Philippe droit dans ses bottes. Dans un entretien au Parisien, publié vendredi 4 août, le premier ministre revient sur les premières mesures prises par le gouvernement. Réduction des dépenses publiques, baisse des APL, budget 2018… Edouard Philippe assume les orientations prises. « Seule l’efficacité compte. Nous tenons l’ensemble de nos engagements », estime-t-il, se disant insensible aux sondages qui font état de fortes baisses de popularité pour lui et le président Macron.
- Sur la réforme du code du travail
Le chef du gouvernement annonce dans Le Parisien que le projet de réforme du code du travail, adopté mercredi par le Parlement, sera présenté à la fin du mois d’août. Il autorisera le gouvernement à agir par ordonnances.
« La concertation se poursuit pendant l’été pour finaliser le projet, qui sera présenté le 31 août, et les textes définitifs seront approuvés par le conseil des ministres avant la fin de l’été. Toutes [les mesures] auront fait l’objet d’un dialogue approfondi avec les partenaires sociaux. »
Interrogé sur le fait de savoir s’il ne faisait pas la part belle aux revendications patronales, Edouard Philippe assène : « Je ne suis pas là pour faire plaisir à tel ou tel, je suis là pour mettre en œuvre les engagements du président de la République et pour faire redémarrer le pays. C’est le sens de cette réforme. »
Le premier ministre affirme respecter l’appel des syndicats à la mobilisation le 12 septembre contre le projet de réforme, mais, dit-il, « j’ai le sentiment que les Français ont envie de solutions plutôt que de blocages ». Edouard Philippe réaffirme son soutien à la ministre du travail, Muriel Pénicaud. « C’est une remarquable ministre, une très bonne connaisseuse de ses sujets. »
- Sur les réductions de dépenses publiques en 2017
Baisse des APL de 5 euros par mois, annulation de 300 millions d’euros de dotations aux collectivités locales… Edouard Philippe revient sur les mesures prises dans le cadre du budget 2017, pour rester sous les 3 % de PIB de déficit. « Nous avons fait le choix de ne pas augmenter les impôts en 2017 et d’assumer les dépenses annoncées par nos prédécesseurs mais qui n’étaient pas financées. Nous avons donc décidé de faire des économies sur la dépense publique », explique ainsi le premier ministre.
- Sur les orientations budgétaires en 2018
« Gouverner, c’est choisir, affirme le premier ministre. Le budget 2018 fera des choix. Il assumera des priorités claires pour la transformation du pays. Nous allons baisser les impôts de plus de 10 milliards d’euros et redistribuer du pouvoir d’achat vers tous les actifs en basculant les charges sociales vers la CSG. »
Pour financer ces mesures, « nous devons faire des économies », concède Edouard Philippe, qui rappelle les priorités vers lesquelles il entend porter son action : la politique du logement – « il y aura une réforme structurelle en 2018 », promet-il – et la politique de l’emploi – « il faut mettre en œuvre une vraie politique de formation », « nous voulons créer les conditions d’un retour durable à l’emploi ».
- Sur les couacs au gouvernement et au Parlement
Interrogé sur les cafouillages de ces dernières semaines au sein du gouvernement (affaires Bayrou, Pénicaud…) ou au Parlement (incidents de séances), Edouard Philippe répond qu’« il y a forcément, comme au début de chaque période, des choses qui se calent ».
« Nous avons voulu intégrer des hommes et des femmes qui n’étaient pas issus du monde politique, avec des expériences personnelles variées. Ils entrent dans le bain politique et ont parfois eu besoin d’un peu de temps pour trouver leurs marques. »
« On peut toujours s’améliorer. C’est vrai pour le Parlement, pour le gouvernement… et pour moi. On apprend de ses erreurs, on corrige. Bien sûr qu’on va s’améliorer », assure le premier ministre, qui renouvelle toute sa confiance à Richard Ferrand, chef de file des députés de La République en marche, accusé par certains de ne pas être assez présent à l’Assemblée.
« J’essaie d’être sérieux, solide, de monter au créneau quand c’est nécessaire », confie Edouard Philippe, qui précise avoir d’« excellentes relations de travail », « extrêmement fluides, chaleureuses même », avec le président Emmanuel Macron.