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SGT. PEPPER'S MUSICAL REVOLUTION | Official Trailer | PBS

C’est une passionnante leçon de musique que propose ce documentaire britannique. Donnée par Howard Goodall, prolifique auteur-compositeur outre-Manche, elle se consacre à l’analyse autour d’un seul album contenant treize titres… Mais quel album ! Sorti le 1er juin 1967, Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band sera numéro un des ventes en Grande-Bretagne durant vingt-sept semaines. Trente millions d’exemplaires de cet opus révolutionnaire, musicalement parlant, ont été vendus à ce jour dans le monde. Sa pochette, l’une des plus célèbres et des plus chères de l’histoire, a été réalisée par Peter Blake : on y voit Marilyn Monroe, Karl Marx, Bob Dylan, Franz Kafka et Marlon Brando, pour ne citer qu’eux, et bien évidemment les Beatles, moustachus et vêtus d’improbables uniformes colorés.

L’album sort de l’ordinaire et recèle trente-neuf minutes de musique d’une gourmandise stylistique (rock, hard, folk, psychédélique, classique, fanfare…) réjouissante. Certains étranges tubes résonnent toujours dans les têtes un demi-siècle plus tard : de « Lucy in the Sky with Diamonds » à « A Day in the Life » en passant par « Within You, Without You », « on n’avait jamais rien entendu de tel auparavant ! », résume Goodall.

John Lennon (au premier plan) et Paul Mc Cartney dans les studios d’Abbey Road en 1967 / © APPLE CORPS LTD.

Tout, dans le documentaire, suscite l’émotion : les échanges en voix off des Beatles, les documents d’archives (photos splendides en noir et blanc, reportages télévisés sur le groupe ou au cœur de Liverpool), les explications souvent lumineuses, parfois plus complexes, de Howard Goodall, décortiquant les tubes de l’album et les longues séances de travail. En rappelant le contexte très particulier de cette période (1966-1967) pour le groupe musical, Goodall retrace une histoire marquante de la pop culture dans laquelle l’habileté des ingénieurs du son de la maison de disque EMI ainsi que l’influence du producteur George Martin étaient aussi partie prenante.

En 1966, les Beatles sont au sommet de la gloire… Mais ils sont lassés des interminables tournées et des concerts géants au milieu de foules hystériques, dont les cris couvrent souvent leurs performances : « On ne peut pas évoluer si personne n’entend nos chansons sur scène ! Nous allons essayer de nous améliorer, mais en studio », lance Paul McCartney. En novembre 1966, le groupe entre dans le studio londonien de la rue d’Abbey Road pour y tenter des expériences ; jusqu’en avril 1967, durant des centaines d’heures, ils vont travailler d’arrache-pied, visiblement heureux d’être ensemble et sous la houlette vigilante du britannique George Martin, qui leur donne carte blanche.

Voyage musical dans le temps

Animés par des influences très diverses (le cirque des années 1850, Alice au pays des merveilles, la musique traditionnelle indienne ou les procédés expérimentaux de John Cage), les Beatles opèrent un voyage musical dans le temps et font des miracles.

En février 1967, afin de faire ­patienter leurs f­ans, ils sortent un 45-tours. Les chansons – « Strawberry Fields Forever » et « Penny Lane » annoncent l’un des thèmes majeurs de leur album à venir : l’enfance. Harmonium, cithare, trompette piccolo, orchestre symphonique, polyphonies, textes énigmatiques ; on trouve de tout dans l’album délirant Sgt Pepper’s. Cette plongée dans le studio d’Abbey Road, en compagnie de John, Paul, George, Ringo et les autres, vaut vraiment le détour.

Sgt Pepper’s Musical Revolution, de Francis Hanly (GB, 2016, 58 minutes).