Des oeufs contaminés au fipronil ont également été retrouvés en Roumanie. / Vadim Ghirda / AP

La crise des œufs contaminés au fipronil dépasse désormais les frontières de l’Europe. Selon la Commission européenne, vendredi 11 août, Hongkong a en effet « indiqué avoir trouvé des œufs venant des Pays-Bas contaminés » par cet insecticide destiné à éradiquer le pou rouge et dont l’utilisation est interdite sur les animaux destinés à la consommation humaine.

La ministre de la santé de Hongkong, Sopia Chan, a affirmé samedi que les autorités locales allaient renforcer leur contrôle. « Le Centre pour la sécurité alimentaire inspecte maintenant de près les œufs venant d’Europe, que ce soit au niveau de l’importation ou au niveau de la vente de détail », a-t-elle précisé.

Avec ces nouvelles révélations, ce sont deux désormais dix-sept pays, dont seize européens, qui sont touchés par ce scandale alimentaire. Selon l’exécutif européen, des œufs suspects ont été distribués – frais, cuits ou sous forme liquide –, en Suède, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Pologne, ou encore en France.

Des critiques contre la Belgique et les Pays-Bas

La commissaire européenne à la santé Vytenis Andriukaitis a affirmé à l’Agence France-Presse vendredi vouloir « travailler ensemble pour tirer les leçons nécessaires et avancer plutôt que perdre de l’énergie à désigner des coupables ». Elle a ainsi convoqué une réunion des ministres et représentants des agences de sécurité alimentaires de tous les pays de l’Union européenne impliqués, « dès que l’ensemble des faits sera à notre disposition », soit a priori le 26 septembre.

Mais sans attendre les résultats de l’enquête, l’Allemagne et la France ont déjà ouvertement critiqué la Belgique et le Pays-Bas. Dans ces deux pays, plus de 200 élevages de poules pondeuses ont été contaminés après la désinfection des lieux avec des produits contenant du fipronil.

De son côté, la Belgique, qui a été la première à informer de ses inquiétudes la Commission européenne le 20 juillet, a accusé les Pays-Bas d’avoir été informé de l’utilisation de fipronil dans les élevages néerlandais dès novembre 2016. Mais ce n’est que le 1er août que La Haye a annoncé que du fipronil a été détectée dans des centaines de milliers d’œufs et que des dizaines d’élevages de volaille sont bloqués. Depuis des dizaines de millions d’œufs ont été retirés de la vente dans plusieurs pays.

« Dans toute crise, des erreurs sont commises. C’est absolument le cas pour celle-ci », a reconnu jeudi la ministre de la santé néerlandaise Edith Schippers. « Mais il n’y avait aucune indication que du fipronil s’était retrouvé dans les œufs à ce moment-là », a-t-elle toutefois ajouté.

Deux suspects arrêtés au Pays-Bas

Dans le volet judiciaire, deux dirigeants de la société néerlandaise ChickFriend, soupçonnée d’avoir « appliqué le produit dans les élevages avicoles », ont été arrêtés jeudi aux Pays-Bas. En Belgique, l’enquête cible désormais 26 personnes et entreprises suspectes.

En France, le ministre de l’agriculture Stéphane Travert a tenté vendredi de rassurer l’opinion sur l’absence de risques liés au fipronil, tout en annonçant que près de 250 000 œufs frelatés ont été mis sur le marché depuis avril. Deux centres d’emballage dans le Nord et dans la Somme ont en effet reçu des « œufs de consommation contaminés en provenance des Pays-Bas et de Belgique », a-t-il fait savoir.

« Les niveaux de contamination ne présentent pas de risque pour les consommateurs », a affirmé M. Travert, « mais en ayant connaissance du numéro de lot, s’ils préfèrent les détruire ou les écarter, ils en ont toute la liberté ».

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