Le président Mauricio Macri fête la victoire aux primaires pour les législatives, accompagné par sa vice-présidente, Gabriela Michetti, à Buenos Aires, le 13 août 2017. / MARCELO CAPECE / AFP

C’est une victoire avant tout symbolique, mais l’enjeu était fondamental. Trente-trois millions d’Argentins étaient appelés aux urnes, dimanche 13 août, pour se prononcer lors des primaires en vue des élections législatives du 22 octobre, qui renouvelleront la moitié de la chambre des députés (127 sièges sur 257) et un tiers de celle du Sénat (24 sièges sur 72) au Congrès national.

Largement en tête au niveau national de ces primaires ouvertes, simultanées et obligatoires (PASO), après le dépouillement de 97 % des votes, Cambiemos, la coalition du président de centre droit, Mauricio Macri, consolide sa prééminence dans le paysage politique, bien que les résultats à Buenos Aires, province qui représente près de 40 % de l’électorat du pays, demeurent serrés.

En tête dans la plupart des provinces, même dans des bastions de l’opposition, et en particulier dans cinq des provinces les plus importantes du pays, Cambiemos l’emporte avec 35,9 % des voix, devant le front « kirchneriste » (20,34 %) formé par Unidad Ciudadana et le Frente para la Victoria (FPV), fidèles tous les deux à l’ex-présidente Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015). Cette dernière, qui fait son retour politique en briguant un siège de sénatrice dans la province de Buenos Aires, fait jeu égal avec le candidat du président, Esteban Bullrich, avec environ 34 % des voix.

Un scrutin « honteux », selon Cristina Kirchner

Cristina Kirchner, l’ex-présidente désormais candidate à un poste de sénatrice, salue ses partisans dans son QG, à Buenos Aires, le 14 août 2017. / MARCOS BRINDICCI / REUTERS

La « Cheffe », comme l’appellent ses soutiens, avait dominé les sondages durant la campagne à Buenos Aires, bastion par excellence de son ancien parti, le FPV. Les dernières estimations, lundi matin, consacraient, avec un écart infime de 0,08 point, son opposant, l’ex-ministre de l’éducation macriste Esteban Bullrich. Ce résultat laisse entrevoir pour Mme Kirchner le scénario d’un retour en grande pompe dont elle rêve.

En effet, même si elle n’obtenait effectivement que la deuxième place lors des législatives d’octobre, Mme Kirchner emporterait tout de même un siège au Sénat, puisque la province de Buenos Aires en renouvelle trois. Une fois sénatrice, l’ancienne présidente, mise en examen dans trois affaires différentes de corruption et qui fait l’objet de plusieurs autres enquêtes, obtiendra l’immunité parlementaire.

Alors que la journée électorale a été marquée par des soupçons d’irrégularités, dont le manque de bulletins d’Unidad Ciudadana dans les bureaux de vote à Buenos Aires, l’ex-présidente a dénoncé, depuis son quartier général, vers 4 heures, lundi, un scrutin « honteux », s’autoproclamant gagnante devant une foule de supporteurs criant « Cristina sénatrice, Cristina sénatrice ! ».

« Le changement est en marche »

Plus tôt dans la soirée, M. Macri, entouré de ses fidèles, avait salué les résultats : « Le changement est plus vivant que jamais. Le changement est en marche ! », a-t-il lancé depuis le quartier général de Cambiemos (« Changeons »), appelant d’ores et déjà les Argentins, dont un tiers de la population vit dans la pauvreté à cause du chômage et de l’inflation, à le soutenir en octobre lors des législatives.

Malgré le raz de marée la coalition de Cambiemos, si ces résultats se confirmaient en octobre, devrait trouver des accords avec des forces de l’opposition, comme depuis son arrivée au pouvoir, en 2015, pour faire passer son programme. Car même avec 104 sièges de députés (contre 89 auparavant), Cambiemos ne conserverait qu’une majorité relative à la Chambre. Au Sénat, le macrisme obtiendrait douze des vingt-quatre sièges en lice, c’est-à-dire vingt-quatre sièges en tout, ce qui continuerait tout de même à le placer derrière le kirchnerisme et ses vingt-neuf sièges.

Très symboliques, les PASO servent de thermomètre du paysage politique en Argentine depuis leur création, en 2009. La forme du scrutin – auquel doivent participer tous les partis, qu’ils aient une élection interne ou pas – donne lieu à une sorte de préélection (chaque électeur ne pouvant choisir les candidats que d’un parti), ce qui permet aux candidats de calibrer le tir stratégique avant le scrutin définitif, deux mois plus tard. Mais dans un pays où l’économie montre des signes de reprise, sans que le quotidien de la population s’en ressente pour autant, tout peut encore changer d’ici aux élections.