Le premier ministre algérien, Abdelmadjid Tebboune, a été démis de ses fonctions, mardi 15 août, trois mois après sa nomination à la tête du gouvernement. « Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin aux fonctions du premier ministre Abdelmadjid Tebboune et a nommé Ahmed Ouyahia », jusqu’ici chef de cabinet du chef de l’Etat, a précisé la présidence dans un communiqué reproduit par l’agence APS.

M. Tebboune, 71 ans, avait été nommé premier ministre le 24 mai, dans la foulée des élections législatives du 4 mai en Algérie, remportées par le Front de libération nationale (FLN) de M. Bouteflika, parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962. A la surprise générale, il avait remplacé à la tête du gouvernement Abdelmalek Sellal, considéré comme l’homme de confiance du chef de l’Etat.

Lors de sa nomination, M. Tebboune était considéré comme un proche du chef de l’Etat, qui l’avait nommé ministre de l’habitat en 1999 dans son premier gouvernement, selon sa biographie officielle. M. Tebboune s’était à nouveau vu confier le portefeuille de l’habitat en septembre 2012 dans le premier gouvernement dirigé par M. Sellal, un poste qu’il avait conservé depuis.

Il s’était retrouvé sous les feux des projecteurs après avoir été décoré de l’ordre du mérite national l’année dernière, une distinction qui faisait de lui le nouvel homme de confiance du président Bouteflika, selon les médias. L’annonce de son limogeage est toutefois une demi-surprise : depuis plusieurs semaines, les médias algériens relayaient des informations selon lesquelles le nouveau premier ministre était tombé en disgrâce.

Lettre de « recadrage »

M. Tebboune laisse sa place à M. Ouyahia, qui avait rang de ministre d’Etat et est considéré comme l’un des hommes forts du régime algérien (il a été déjà été premier ministre à trois reprises). Ahmed Ouyahia est également le patron du Rassemblement national démocratique (RND), deuxième parti d’Algérie et allié crucial du FLN.

« La vision du premier ministre ne cadrait pas avec la vision du président », a expliqué à l’AFP une source gouvernementale ayant requis l’anonymat, faisant également état de problèmes de « communication » entre les deux hommes.

Les médias privés algériens s’étaient fait l’écho ces derniers jours d’une « sévère » lettre de « recadrage » adressée par M. Bouteflika à son premier ministre, critiquant notamment les récentes mesures limitant les importations de nombreux produits. Selon le politologue Rachid Tlemçani, M. Tebboune « a essayé de toucher aux intérêts de certains oligarques qui appartiennent au clan présidentiel » et a été victime d’une « lutte des clans » à la tête de l’Etat.