Affaire des œufs contaminés : le point sur l’enquête
Affaire des œufs contaminés : le point sur l’enquête
Le Monde.fr avec AFP
Deux enquêtes pénales ont été ouvertes, en Belgique et aux Pays-Bas, pour déterminer les responsables qui ont permis au fipronil de se retrouver dans les assiettes des consommateurs.
Comment déterminer la responsabilité de ce scandale sanitaire qui a touché une vingtaine de pays ? En pointe dans le dossier, la Belgique a annoncé, mercredi 16 août, qu’elle allait se porter partie civile dans les enquêtes ouvertes pour déterminer les responsables du scandale des œuf contaminés par le fipronil.
La Belgique est le premier pays à avoir donné l’alerte au niveau européen, alors qu’un premier signalement avait été fait aux Pays-Bas, à l’Agence de la sécurité alimentaire, en novembre 2016. « L’Etat est fondé à obtenir également la réparation de son préjudice : préjudice économique général, frais exposés et tout autre dommage », a expliqué le gouvernement.
Le fipronil est un insecticide et acaricide toxique à haute dose et interdit d’utilisation sur les animaux destinés à la consommation humaine. Il a été retrouvé à faible dose dans des millions d’œufs et d’ovoproduits dans de nombreux pays européens, dont la France, mais aussi à Hongkong.
Deux enquêtes pénales ont été ouvertes en Belgique et aux Pays-Bas, les deux pays d’où sont partis les œufs incriminés, pour déterminer les responsables qui ont permis au fipronil de se retrouver dans les assiettes des consommateurs. Dans ces deux pays, plus de 200 élevages de poules pondeuses ont été contaminés à la suite de la désinfection des lieux avec des produits contenant du fipronil.
Deux personnes placées en détention
Aux Pays-Bas, huit perquisitions ont été menées et les deux dirigeants d’une société de désinfection, ChickFriend, ont été placés en détention. Leurs domiciles ont été perquisitionnés à Barneveld et Zaltbommel, leurs voitures saisies et leurs comptes bancaires bloqués.
La jeune entreprise ChickFriend vendait aux exploitants un produit luttant contre le pou rouge, surnom d’un insecte ne s’attaquant qu’aux poules et pouvant conduire à une baisse de la ponte d’œufs. Les deux entrepreneurs sont soupçonnés de « mise en danger de la santé publique », avait détaillé un représentant du ministère public néerlandais, le 10 août.
Une société belge visée par une enquête
En Belgique, vingt-six personnes et des entreprises jugées suspectes sont dans le viseur de la justice, qui tente notamment d’éclaircir quel a été le rôle du dirigeant de Poultry-Vision, un distributeur de produits sanitaires à destination du secteur avicole, dans les locaux duquel de grandes quantités (près de 6 000 litres) de fipronil ont été découverts lors de perquisitions menées à la fin de juillet.
Poultry-Vision est soupçonné d’avoir vendu un service de désinfection de poulaillers contenant du fipronil à l’entreprise néerlandaise ChickFriend, qui l’aurait ensuite reconditionné. Le dirigeant de Poultry-Vision a été « entendu » en juillet, puis « relâché sous strictes conditions », a fait savoir vendredi le parquet d’Anvers, qui « prend les faits très au sérieux, vu leur gravité, leur ampleur, leur caractère organisé et leur contexte international ».
La liste des produits touchés en France bientôt dévoilée
En France, la liste des produits contaminés sera prochainement rendue publique, a annoncé mardi 15 août le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, dans Le Parisien, tout en rappelant que le risque sanitaire était « très faible ».
Devraient être publiés « les marques, le numéro de lot, leur conditionnement et la date de mise sur le marché ». Cela concernera « les lots testés et identifiés comme contaminés à des taux supérieurs à la limite autorisée ». Les enseignes qui le souhaitent pourront informer leurs clients par des affichettes en magasin et « dans certains cas, elles seront tenues de le faire », ajoute M. Travert.