Blocages en série sur Internet après le rassemblement extrémiste de Charlottesville
Blocages en série sur Internet après le rassemblement extrémiste de Charlottesville
Facebook, Reddit, WordPress et d’autres ont bloqué des comptes, des groupes, des sites et des paiements liés à l’extrême droite américaine.
Facebook a banni plusieurs groupes d’extrême droite. / LOIC VENANCE / AFP
Les grandes entreprises du Web ont bloqué un certain nombre de contenus et de services ces derniers jours après le rassemblement d’extrême droite de samedi 12 août dans la ville américaine de Charlottesville, en Virginie.
Le site néonazi The Daily Stormer ayant publié un article insultant la femme tuée ce jour-là a été particulièrement visé. Les organisations présentes samedi à Charlottesville ont aussi été ciblées, notamment par Facebook.
Les principaux blocages annoncés
Facebook Le premier réseau social au monde a bloqué les publications renvoyant vers l’article du Daily Stormer insultant la femme présente dans la foule de contre-manifestants et tuée samedi par un automobiliste. Facebook avait aussi bloqué, durant le week-end, la page officielle du rassemblement. Le réseau social a également fermé plusieurs groupes d’extrême droite, notamment ceux d’organisations présentes samedi à Charlottesville.
Reddit Cet énorme forum, où se rassemble une partie de l’alt-right (l’extrême droite américaine), a banni plusieurs sous-forums (subreddits) d’extrême droite, notamment pour incitation à la violence.
GoDaddy Le gestionnaire de noms de domaine a cessé de fournir ses services au site néonazi The Daily Stormer. Il lui a laissé vingt-quatre heures, lundi, pour se tourner vers une autre entreprise.
Google Le géant du Web, vers lequel s’est ensuite tourné The Daily Stormer, lui a adressé une fin de non-recevoir. Depuis, le site est inaccessible.
GoFundMe La plate-forme de financement participatif a supprimé des campagnes visant à récolter des fonds pour le conducteur de la voiture qui a tué une contre-manifestante en fonçant dans la foule.
WordPress Le site de Vanguard America, une organisation d’extrême droite à laquelle cet homme est soupçonné d’être affilié, a été suspendu par WordPress, qui l’hébergeait. WordPress n’a pas communiqué à ce sujet, mais un message laisse entendre, quand on tente de se connecter au site, que celui-ci a été suspendu pour non-respect des règles de WordPress.
Discord La plate-forme de discussions a désactivé un salon de discussions et plusieurs comptes « associés aux événements de Charlottesville », a-t-elle annoncé dans un communiqué.
AirBnb La plate-forme de locations saisonnières avait de son côté réagi avant même ce week-end, en annulant les réservations et en bannissant des utilisateurs ayant prévu de participer au rassemblement d’extrême droite.
Apple dénonce « un affront à l’Amérique »
Plusieurs personnalités de la Silicon Valley ont également publiquement dénoncé les événements de Charlottesville. La numéro 2 de Facebook, Sheryl Sandberg, a écrit que « chaque génération doit être prête à combattre le type de sectarisme et de haine qui a été affiché par les suprémacistes blancs à Charlottesville ». Tim Cook, le PDG d’Apple, a quant à lui déclaré :
« Nous avons déjà connu auparavant la terreur du suprémacisme blanc et de la violence raciste. C’est une question de morale — un affront à l’Amérique. Nous devons tous nous y opposer. »
Le PDG d’Intel, Brian Krzanich, s’est de son côté insurgé contre les propos du président américain, qui a estimé à plusieurs reprises que la violence était « de tous les côtés ». En réponse, il a démissionné de ses fonctions de conseiller économique de Donald Trump.
Satya Nadella, le PDG de Microsoft, a lui préféré s’exprimer plus discrètement, à travers un message à destination de ses employés, pour dénoncer les événements « horribles » de Charlottesville.
Tour de vis
Les entreprises qui ont bloqué des contenus et des services l’expliquent par la violation de leurs conditions d’utilisation, qui interdisent la promotion de la violence. Pourtant, de nombreux comptes et groupes bannis ces derniers jours existaient depuis longtemps sur ces plates-formes. Celles-ci sont souvent critiquées pour laisser en ligne des contenus néonazis, racistes et suprémacistes blancs. Ce qui s’explique par leur système de modération, qui manque souvent d’efficacité. Mais aussi parce que certains contenus ne contreviennent pas directement à leurs règles d’utilisation — ni aux lois américaines. Les membres de ces groupes ont appris, avec le temps, à jouer avec les limites de ces règlements pour ne pas les franchir. Ce qui explique, par exemple, que le compte Twitter de David Duke, ancien responsable du Ku Klux Klan, soit toujours actif.
Une nouvelle politique de YouTube, annoncée il y a quelques semaines, illustre bien ce problème : elle compte mettre en place un nouveau type de sanction pour les vidéos qui ne violent pas le règlement de YouTube, mais « contiennent des contenus religieux ou suprémacistes controversés ».
Le soudain tour de vis des entreprises de la Silicon Valley génère donc son lot de critiques, des internautes de l’alt-right dénoncant une entrave à la liberté d’expression. A l’inverse, d’autres reprochent à certaines entreprises de ne pas se montrer plus dures. Cloudflare, un service permettant de protéger les sites Internet contre certaines attaques informatiques, est ainsi critiqué car il continue à fournir ses services au Daily Stormer.