Rugby : soupçonné de favoritisme, Bernard Laporte rompt son contrat avec Altrad
Rugby : soupçonné de favoritisme, Bernard Laporte rompt son contrat avec Altrad
Le président de la Fédération française de rugby est soupçonné d’avoir fait pression pour favoriser le club de Montpellier, avec le propriétaire duquel il faisait des affaires.
Bernard Laporte et Mohed Altrad, lors du match Montpellier-Toulouse, en février 2017. / FRANCK PENNANT / AFP
Un contrat qui disparaît et une haute autorité qui se crée. Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby (FFR), a contre-attaqué, lundi 28 août, face aux soupçons de conflits d’intérêts qui se cristallisent autour de sa relation avec Mohed Altrad, propriétaire du club de Montpellier.
L’ancien ministre des sports et sélectionneur du XV de France a annoncé dans un communiqué la rupture du contrat le liant à titre personnel à Altrad, un gros groupe de matériel pour le BTP, pour un montant de 150 000 euros. L’existence de ce contrat avait été révélée par le Journal du dimanche du 13 août. Il renforçait les soupçons de conflit d’intérêts déjà émis lorsque Bernard Laporte avait choisi, après son élection à la tête de la FFR, en décembre 2016, de faire d’Altrad le premier sponsor maillot des Bleus.
« Le président de la Fédération est intervenu »
Selon le JDD du 27 août, Bernard Laporte est intervenu pour que la commission d’appel de la FFR se prononce avec « bienveillance » sur plusieurs décisions de la commission de discipline de la Ligue nationale de rugby (LNR) concernant Montpellier : les sanctions liées aux banderoles hostiles à la LNR déployées lors du match contre le Racing 92, le 22 avril, et les suspensions de ses joueurs Jacques et Jannie du Plessis.
Le 29 juin, la commission d’appel de la FFR a confirmé le jugement de première instance sur ces affaires, avant de les réduire le lendemain après la volte-face de deux des trois membres siégeant ce jour-là. Comme l’a révélé le JDD, le troisième membre, l’avocat Philippe Peyramaure, a démissionné en adressant cette lettre au président de la commission, Jean-Daniel Simonet : « J’ai été avisé que le président de la Fédération était intervenu pour demander que nous modifiions notre décision dans un sens beaucoup plus favorable à Montpellier. »
Dans son communiqué, la FFR qualifie ce récit de « mensonger » et annonce une prise de parole publique de Bernard Laporte « dans les prochains jours ». « Elle prendra toute mesure, y compris judiciaire, pour rétablir la réputation et l’autorité de ses membres indépendants et professionnels », menace la Fédération française.
Une autorité de lutte pour la transparence
La FFR ajoute avoir proposé à la ministre des sports, Laura Flessel, la création d’une
haute autorité de lutte pour la transparence et l’équité dans le rugby, composée de personnalités indépendantes et disposant de pouvoirs d’investigation et de sanction élargis.
Interrogée samedi par RMC, Laura Flessel était restée évasive sur sa vision de l’affaire Laporte-Altrad : « Pour le moment il n’y a pas d’attaque, il n’y a pas de demande de justice, donc, du coup, on va laisser faire les choses en fonction de ce que le président me répondra. »
L’ancienne championne d’escrime n’a pas, pour l’heure, mobilisé l’inspection générale de la jeunesse et des sports. Le calendrier est délicat, la France étant candidate à l’organisation de la Coupe du monde 2023, dont le pays hôte sera désigné le 15 novembre. L’un des principaux sponsors de cette candidature n’est autre que le groupe Altrad.