La tempête Harvey touche la principale région productrice de pétrole des Etats-Unis. Si les stocks sont suffisamment élevés pour limiter son impact à très court terme, l’industrie pétrolière américaine n’en était pas moins perturbée, lundi 28 août, par la plus puissante tempête qui ait touché le Texas depuis 1961.

Le golfe du Mexique assure à lui seul 20 % de la production américaine. Par prudence, 105 des 737 plates-formes de production pétrolières y ont été évacuées, soit plus de 14 % des installations de la région, selon le Bureau de régulation de l’environnement et de la sécurité (BSEE). Le grand groupe pétrolier américain, ExxonMobil, avait dû se résoudre dimanche à mettre à l’arrêt son complexe de Baytown, l’un des plus grands du monde.

« Ce sont environ 21,64 % de la production actuelle (de pétrole) du golfe du Mexique qui ont été mis à l’arrêt », avait annoncé dimanche le Bureau de régulation de l’environnement et de la sécurité (BSEE), sur la base des bilans des opérateurs. Près de 26 % de la production de gaz naturel sont également suspendus.

L’ouragan Harvey, qui ravage les côtes texanes depuis vendredi, a été rétrogradé en tempête tropicale samedi, mais déverse des pluies torrentielles sur la région. De nombreux ports de la côte du Texas sont fermés, et certains oléoducs ne fonctionnent pas. Le pic des inondations ne devrait être atteint que mercredi ou jeudi, compromettant la réouverture des raffineries.

Le raffinage plus touché que la production

« L’information sur l’ampleur des dommages causés aux infrastructures pétrolières et gazières reste limitée actuellement », constatent les analystes de Goldman Sachs. Ils soulignent cependant que « les problèmes sont plus importants du côté du raffinage que du côté de la production ».

Selon les estimations de Goldman Sachs, 16,5 % des capacités de raffinage des Etats-Unis étaient affectées dimanche. A ce stade, il s’agit surtout de prévention, « seulement quelques problèmes mineurs d’inondations ayant été rapportés », ont expliqué leurs analystes.

Mais des fermetures supplémentaires de raffineries pourraient être décidées dans les prochains jours en raison de la lente progression de la tempête, ajoute, de son côté, James Williams de WTRG Economics. Et donc engendrer des dommages plus importants.

L’impact sur la production est moindre, notamment en raison de la production de pétrole de schiste, qui demeure à un niveau record. La production totale serait touchée à hauteur d’environ 11 %, toujours selon les données de Goldman Sachs. Mais les experts ont prévenu que « les inondations en cours pourraient toutefois avoir un impact plus important sur la production à terre, dans le bassin d’Eagle Ford », dans le sud-est du Texas, qui renferme d’importants gisements de gaz de schiste.

Les prix du pétrole en hausse

Mais même si les stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis sont à un niveau élevé, « il pourrait cependant y avoir à court terme des pénuries d’essence et de fioul », a souligné l’analyste James Williams.

Car si la plupart des raffineries seront en mesure de reprendre leur activité une semaine ou deux après la fin des pluies, « certaines pourraient retarder le redémarrage et décider d’effectuer les travaux de maintenance habituellement réalisés à l’automne avec quelques semaines d’avance ». D’autant que le BSEE avait prévenu dimanche que les infrastructures seraient inspectées une fois que l’épisode météorologique serait terminé.

Lundi, l’autorité américaine de surveillance des industries chimiques (CSB) a d’ailleurs émis un bulletin d’alerte sécurité exhortant les raffineries pétrolières et pétrochimiques à la plus grande prudence lors du redémarrage de leurs activités. Ce processus délicat pourrait ainsi se révéler plus long que prévu.

Toutes ces incertitudes ont fait grimper les prix de l’essence, qui ont bondi de plus de 10 % en deux jours. Le gallon d’essence (3,78 litres), redescendu lundi à près de 1,72 dollar lundi, avait atteint dimanche soir près de 1,78 dollar, son plus haut niveau depuis juin 2015.