Des femmes de la communauté rohingya refoulées à la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, à Cox’s Bazar, le 28 août. / MOHAMMAD PONIR HOSSAIN / REUTERS

Au moins 3 000 membres de la minorité musulmane rohingya sont passés au Bangladesh ces trois derniers jours pour fuir une nouvelle vague de violences en Birmanie, ont annoncé lundi 28 août les Nations unies. « Nombre de ces nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants », a précisé Joseph Tripura, porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). 

Le Bangladesh estime à plusieurs milliers le nombre de personnes de cette communauté paria qui se trouvent à proximité de sa frontière avec la Birmanie, où les Rohingya sont persécutés de longue date : plus de 400 000 réfugiés se trouvent déjà dans le pays.

L’exode d’un grand nombre de musulmans et de civils bouddhistes vivant dans l’Etat d’Arakan, dans le nord de la République de l’union du Myanmar, a été provoqué par des attaques lancées, vendredi, par des insurgés rohingya, armés de matraques, de poignards ou de bombes artisanales, contre une trentaine de postes de police et une base de l’armée.

Une centaine de morts

Une centaine de personnes ont péri dans ces affrontements. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « profondément préoccupé » après des informations concernant la mort de civils lors d’opérations sécuritaires dans l’Etat Rakhine, dans l’ouest birman, précise par le porte-parole du HCR. Il estime que les autorités birmanes doivent « assurer la sécurité de ceux qui en ont besoin et leur fournir de l’aide », selon la même source.

Le sort réservé au quelque 1,1 million de Rohingya dans un pays à prédominance bouddhiste est devenu l’un des plus gros défis lancés à Aung San Suu Kyi, qui exerce de facto les fonctions de chef du gouvernement depuis près d’un an et demi. Les membres de cette communauté musulmane établis dans l’Etat d’Arakan ne peuvent obtenir la nationalité birmane et leurs déplacements sont soumis à de sévères restrictions.

Nombre de bouddhistes les considèrent comme des immigrants illégaux venus du Bangladesh. Ils n’ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux et la montée du nationalisme ces dernières années a attisé l’hostilité à leur encontre.

Le pape se rendra en Birmanie

Le Vatican a par ailleurs annoncé, lundi, une visite du pape François fin novembre en Birmanie et au Bangladesh, un déplacement au cours duquel le souverain pontife devrait évoquer le sort des Rohingya dont il prend régulièrement la défense.

Il s’agit là d’une visite inédite du pape François sur ces terres bouddhistes. Le pape se rendra en Birmanie du 27 au 30 novembre puis au Bangladesh voisin du 30 novembre au 2 décembre, selon le communiqué du Saint-Siège. Il devrait rencontrer lors de sa visite Aung San Suu Kyi, très critiquée à l’étranger pour sa gestion de ce dossier.