La discrimination positive a peu changé le recrutement des meilleures universités américaines
La discrimination positive a peu changé le recrutement des meilleures universités américaines
Par Adrien de Tricornot
Selon une étude du « New York Times », les Noirs et les Hispaniques sont encore moins représentés qu’en 1980 parmi les admis en premier cycle des cent meilleurs établissements.
Sur le campus de Berkeley de l’université de Californie. / Ben Margot / AP
Même après des années de « discrimination positive » (affirmative action), la part des étudiants noirs et hispaniques dans les cent meilleures universités américaines a crû bien moins vite que dans la population : ils s’y trouvent ainsi encore plus sous-représentés qu’il y a trente-cinq ans, montre une étude publiée par le New York Times. A l’inverse, les étudiants blancs et asiatiques y sont encore plus surreprésentés qu’à l’époque, a établi le quotidien à partir des statistiques officielles et des chiffres de plusieurs bases de données professionnelles et spécialisées.
Parmi les nouveaux entrants en première année dans ces colleges américains, on compte seulement 6 % d’étudiants noirs, une part stable depuis trente-cinq ans, alors que les jeunes noirs constituent 15 % de cette classe d’âge. La part des élèves de première année hispaniques a, elle, progressé, pour atteindre 13 % des admis, mais cette progression est bien moins rapide que leur croissance démographique, alors qu’ils représentent 22 % de cette génération. Parmi les « colleges » qui se situent en haut des classements – des premiers cycles publics les plus réputés à ceux des prestigieuses universités de l’Ivy League –, les écarts se sont ainsi accrus depuis 1980 : la sous-représentation des étudiants noirs a augmenté de trois points et celle des hispaniques de six points.
Echantillon pas représentatif
Cet échantillon n’est cependant pas représentatif de l’ensemble du système universitaire américain : la représentation des Noirs et des Hispaniques s’est globalement améliorée dans l’enseignement supérieur au cours de la période, explique au journal Terry Hartle, vice-président senior de l’American Council on Education, qui regroupe plus de 1 700 institutions d’enseignement supérieur américaines. Mais il ajoute que la jurisprudence née des nombreux recours en justice contestant la discrimination positive a limité les effets de celle-ci, devenue un élément parmi d’autres à prendre en compte dans la politique de recrutement des établissements : « C’est donc quelque chose qui doit être pris en compte, mais ce n’est pas un remède miracle. » Les établissements les plus sélectifs ont ainsi pu s’en affranchir. A cela s’ajoute, précise le quotidien, les effets des inégalités précédant l’entrée à l’université, celles héritées du système scolaire.
Si les mesures ont eu un impact limité, leur disparition, notamment décidée par l’Etat de Californie depuis 1998, a encore plus pesé : à l’université de Berkeley, la part de Noirs et Hispaniques admis est alors tombée de 24 % à 13 %, rappelle aussi un article du Guardian. Aujourd’hui, elle est de 15 % (et de 21 % si l’on compte les étudiants « multiraciaux », une catégorie introduite en 2008), selon le New York Times.
Parmi les universités les plus réputées, aucune – des colleges publics aux riches universités de l’Ivy League – n’échappe à la sous-représentation des Noirs et des Hispaniques. Cependant, le New York Times note quelques exceptions, notamment parmi les premiers cycles de liberal arts (humanités) des universités d’Amherst (Massachusetts) et Pomona (Californie), où la représentation des Noirs et des Hispaniques a, au contraire, gagné du terrain.