Réforme du code du travail : la gauche fustige « un recul social sans précédent »
Réforme du code du travail : la gauche fustige « un recul social sans précédent »
Par Abel Mestre
PS, PCF et LFI ont tous condamné les ordonnances visant à réformer le droit du travail.
Des affiches appelant à une manifestation contre la réforme du code du travail, lors d’une rassemblement de la France Insoumise, à Marseille, le 26 août. / Patrice Terraz /SIGNATURES pour Le Monde
Une « agression contre les salariés ». C’est en résumé la façon dont la gauche a perçu la publication des cinq ordonnances réformant le code du travail, jeudi 31 août.
- Pour le PCF : « La généralisation de la précarité »
« C’est le grand recul social que l’on redoutait. Presque toutes les mesures font reculer la protection et les droits des salariés », a déclaré au Monde Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. « Ces mesures tirent vers le bas la protection des salariés », continue-t-il, pointant le « contournement du code du travail par les accords de branche ou d’entreprise ».
« C’est un moment très douloureux pour le monde du travail. Le Medef remporte une victoire sur certaines vieilles revendications, comme le plafonnement des indemnités prud’homales, abonde Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Ce n’est en aucun cas un texte équilibré, c’est une aggravation des conditions de travail et la généralisation de la précarité. » M. Dartigolles vise notamment les « CDI de chantiers », contrats qui permettent d’aller, pour une mission donnée, au-delà du plafond des 18 mois des CDD.
Face à cette « offensive » du gouvernement et à « l’absolutisme libéral de Macron », les communistes veulent faire de la pédagogie en « menant une contre-offensive avec des contrepropositions claires ». « Il faut opposer à ces réformes une logique de sécurisation de l’emploi », explique M. Laurent.
Surtout, le PCF entend contribuer au succès de la journée d’action organisée par la CGT et SUD, le 12 septembre. « On accompagnera les mobilisations syndicales. Il en faudra d’autres après le 12 », avance Pierre Laurent qui espère faire de la Fête de l’Humanité les 15,16 et 17 septembre un rendez-vous de convergences entre salariat et jeunesse. En revanche, la participation à la « marche contre le coup d’Etat social », appelée par La France insoumise (LFI), le 23 septembre, n’est pas encore à l’ordre du jour.
- Pour La France insoumise : « Une agression caractérisée »
La France insoumise (LFI), justement, est, elle aussi, extrêmement remontée contre la réforme gouvernementale. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon y trouve une nouvelle fois l’occasion d’appeler à leur marche « citoyenne » du 23 septembre. « Il y a plus que jamais une pertinence à notre marche. Mais la journée d’action des syndicats, le 12, doit aussi être un succès », assure Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis.
Selon lui, les ordonnances mettent en place une extension de la précarité qui « répond à logique selon laquelle le chômage est dû à la législation sociale ». « Est sortie de la cuisse de Jupiter une agression caractérisée dont rien ne sortira pour lutter contre le chômage », continue le parlementaire. « C’est un recul sans précédent de toute la logique protectrice de la loi du Travail », a assuré pour sa part Charlotte Girard, une des porte-parole du mouvement, lors d’un point presse en compagnie de M. Corbière. « Le principe jusqu’à présent supposait que nous fonctionnions à partir de règles législatives qui étaient là pour compenser un rapport inégal de travail. Là, toute une série d’éléments de la relation de travail passe au niveau d’un accord très individualisé », a-t-elle dénoncé.
- Pour le PS : « Licencier plus facilement »
Au Parti socialiste également, les ordonnances ne passent pas. « Elles permettront de licencier plus facilement tout en protégeant moins efficacement », estime ainsi le PS dans un communiqué. Les socialistes pointent également « un déséquilibre dans la relation entre les employeurs et les salariés » avec la fusion des instances représentatives du personnel ou « l’abandon du mandatement syndical dans les entreprises de moins de 50 salariés et la possibilité de recourir à l’adoption d’un accord d’entreprise par un référendum d’initiative patronale ». « En ouvrant ces deux possibilités, le gouvernement ne tient pas compte de l’asymétrie du rapport de force entre salariés et employeurs, que les syndicats rééquilibraient jusque-là », jugent les socialistes qui regrettent la fragilisation des salariés.