A Lille le 30 août. Le temps de la braderie, 1 800 tonnes de blocs de béton quadrillent le périmètre. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

La braderie de Lille, une institution qui attire chaque premier week-end de septembre près de 2 millions de personnes, ouvrira bien samedi 2 septembre, officiellement à 8 heures. Les habitués, eux, se préparent à chiner aux culs des camions dès vendredi soir. Les fidèles sont dans les starting-blocks : en 2016, les menaces terroristes avaient eu raison du plus grand marché aux puces d’Europe.

Un an après, les risques d’attaque sont toujours là mais la ville de Lille et la préfecture ont repensé entièrement cette nouvelle braderie. « En 2016, c’était incontrôlé : il était impossible de sécuriser la foule », confie Didier Perroudon, le directeur départemental de la sécurité publique. Pour le cru 2017, plus de 3 000 policiers, gendarmes, douaniers et militaires seront présents (autour de 2 000 les éditions précédentes). Les attaques à Nice, Berlin ou Barcelone ont obligé le préfet et la maire de Lille à travailler autour de deux axes : empêcher une attaque à la voiture-bélier et canaliser les mouvements de foule. Pour cela, le périmètre a été réduit aux quartiers du centre et du Vieux-Lille, où seuls les commerçants lillois et les riverains ont obtenu des autorisations pour brader.

« Pas de risque zéro »

Pour s’assurer qu’aucun véhicule non autorisé ne pénètre dans la zone de braderie, 29 portes d’accès sous surveillance policière seront mises en place. Dès vendredi soir, 1 800 tonnes de blocs de béton quadrilleront le périmètre. Et un arrêté préfectoral interdit la vente et l’utilisation de pétards et d’artifices. Les policiers seront en civil et en uniforme. « La grande braderie, ce n’est pas une parade militaire mais un lieu où les forces de police doivent être en communion avec la population », a précisé Michel Lalande, préfet du Nord.

Les bradeux ne verront donc peut-être pas l’ensemble des moyens déployés (forces spécialisées du RAID et de la brigade de recherche et d’intervention, équipes de démineurs et cynotechniques, caméras mobiles, hélicoptères, dispositifs de lutte anti-drones), mais ils seront bel et bien là. A Lille, mais aussi à la gare du Nord à Paris, à la gare de Bruxelles, aux frontières, aux péages routiers et même sur les axes fluviaux.

L’événement est au cœur des discussions des Lillois, partagés entre la peur des attentats et l’envie forte de participer à cet incontournable rendez-vous de la rentrée. Les hôteliers, qui ont perdu 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016, déplorent un taux de remplissage de 85 % samedi soir. « Rien de catastrophique mais d’habitude, on est complet dès avril-mai », note Emmanuel Thebaux, président hôtellerie de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Lille.

L’heure n’est pas aux paris sur les records d’affluence mais aux nouveautés comme cette braderie des enfants à la gare Saint-Sauveur ou l’axe réservée aux brocanteurs et antiquaires professionnels. « Comptez sur nous, on sera là, rassure le charismatique Jacky Marquet, surnommé Jacky la Brocante. Tic Tac, Bébé, Bruno tous les brocanteurs du parc Lebas sont prêts. » Quant au traditionnel semi-marathon du samedi matin (15 000 inscrits), il a été déplacé sur le Grand-Boulevard de la métropole lilloise, pour raison de sécurité.

« Après le déchirement de 2016, nous avions fait la promesse de nous donner les moyens d’organiser la braderie, a précisé Martine Aubry, la maire socialiste de la ville. Bien sûr, il n’y a pas de risque zéro. Chaque jour, il peut y avoir un cinglé, mais dans ce cas, on arrête de vivre. » Elle se dit sereine « sur les gros risques » et compte sur les Lillois pour « retrouver l’esprit de fête » des gens du Nord autour d’une portion de moules-frites. Lille espère entrer dans le Guinness Book des Records avec 500 tonnes de moules englouties.