Inspections dans des locaux diplomatiques russes aux Etats-Unis, Moscou proteste
Inspections dans des locaux diplomatiques russes aux Etats-Unis, Moscou proteste
Le Monde.fr avec AFP
Des agents américains ont mené des « inspections » à San Francisco, New York et Washington pour s’assurer que les diplomates russes avaient bien quitté les lieux.
Sur le consulat général de Russie à San Francisco, en Californie, le 2 septembre. / STEPHEN LAM / REUTERS
Des agents américains ont inspecté samedi 2 septembre des locaux diplomatiques russes à San Francisco, New York et Washington dont ils avaient ordonné la fermeture, provoquant la colère de Moscou qui a accusé les Etats-Unis de violer le droit international.
Cette initiative marque une nouvelle étape dans les tensions diplomatiques croissantes entre les deux anciens ennemis de la guerre froide, sept mois après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui avait présenté la normalisation des relations comme un de ses objectifs.
Selon le département d’Etat, ces « inspections », menées en présence de responsables russes, avaient en particulier pour objectif de s’assurer que les diplomates russes avaient bien quitté les lieux.
Assurant avoir agi dans le strict respect des conventions internationales, Washington conteste formellement les accusations de Moscou selon lesquelles des responsables américains auraient menacé de briser des portes et des agents du FBI auraient vidé les lieux.
« Un acte d’agression sans précédent »
Ces fermetures sont une riposte à la réduction de 755 diplomates américains et employés, russes ou américains en poste en Russie, ordonnée fin juillet par le président russe Vladimir Poutine en représailles à de nouvelles sanctions économiques de Washington.
« Aucun diplomate russe n’est expulsé des Etats-Unis en lien avec ces fermetures », a tenu à souligner la diplomatie américaine.
Quelques heures plus tôt, le ministère russe des affaires étrangères avait annoncé avoir convoqué Anthony Godfrey, numéro deux de l’ambassade des Etats-Unis et actuellement le plus haut diplomate américain en poste à Moscou, et lui avoir remis « une lettre de protestation ». « Les autorités américaines doivent cesser leurs violations grossières du droit international et renoncer à empiéter sur l’immunité des institutions diplomatiques russes », était-il écrit dans cette note.
Ces perquisitions et « la menace de casser la porte d’entrée » constituent « un acte d’agression sans précédent, qui pourrait être utilisé par les services spéciaux américains pour organiser une provocation contre la Russie à l’aide d’objets compromettants qui seraient placés » dans les locaux, selon la diplomatie russe.
Fumée noire
A San Francisco, des témoins ont rapporté avoir observé vendredi une fumée noire sortant d’une cheminée du consulat russe. Un dégagement de fumée dû à « des mesures prises pour préserver le bâtiment », a déclaré sans plus de précision la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a néanmoins semblé dédouaner vendredi l’administration Trump de la responsabilité de la détérioration des relations entre les deux pays. « Toute cette histoire a été lancée par l’administration Obama pour nuire aux relations russo-américaines et ne pas permettre à Trump de les faire sortir de l’ornière », a-t-il estimé. Selon lui, le Congrès et l’establishment américain « tentent de lier les pieds et les poings [de l’administration Trump], d’inventer une prétendue ingérence russe, un lien entre lui et la Russie, entre sa famille et la Russie ».
Le président américain est soupçonné par ses détracteurs d’avoir notamment bénéficié d’actions en coulisses des Russes pour saboter la campagne d’Hillary Clinton lors de l’élection présidentielle américaine en 2016.
« Nous ne cherchons pas à nous fâcher avec les Etats-Unis », a ajouté M. Lavrov, affirmant rechercher des « approches basées sur le respect mutuel » afin de trouver des compromis avec Washington.
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson et Sergueï Lavrov pourraient se rencontrer en septembre, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.