TV : « Justice, le douloureux silence »
TV : « Justice, le douloureux silence »
Par Alain Constant
A voir aussi ce soir. Des familles témoignent du combat qu’elles doivent mener afin que le meurtrier de leur proche soit identifié et condamné (sur France 5 à 20 h 55).
Ils ont perdu un enfant, un parent ou un conjoint, qui a été assassiné il y a dix, quinze, parfois vingt ans. Le meurtrier n’a pas été retrouvé. Débordée, manquant de moyens, la machine judiciaire laisse filer le temps. Comment lutter contre cela ? Comment les proches des victimes vivent-ils cette attente interminable, ce silence des juges, ces enquêtes inachevées ? En France, aucune statistique précise n’existe sur les crimes non élucidés. Mais on estime que chaque année, sur un millier d’homicides commis, environ 15 % ne sont pas résolus dans un délai décent.
Ce documentaire poignant donne la parole à celles et ceux qui ont perdu un proche depuis plusieurs années. Il y a des silences, des sanglots, des regards de détresse, mais aussi des paroles d’espoir pour raconter leurs combats, pour connaître enfin la vérité, l’identité de l’assassin. Des combats souvent menés avec l’aide précieuse d’associations et d’avocats motivés. Les enquêtes qui piétinent, les silences des juges d’instruction, l’enlisement des dossiers, voilà ce contre quoi se battent les proches des victimes interrogés par Florence Kieffer.
« Justice, le douloureux silence », de Florence Kieffer. / FRANCE 5
Cinq récits terribles, qui se terminent parfois par une victoire, tardive mais nécessaire. Comme le cas de la fille de Marie-Rose Blétry, assassinée de 123 coups de couteau une nuit de décembre 1997. Durant des années, rien ne s’est passé. Combative, la mère a fondé une association d’aide aux familles de victimes d’une agression criminelle et s’est constituée partie civile pour avoir accès au dossier. Et vingt ans après le drame, grâce à des recherches d’ADN, l’assassin est enfin jugé et condamné.
« Les magistrats sont de grands taiseux ! Face à ce silence judiciaire, les familles se sentent seules, méprisées », souligne le magistrat Serge Portelli. Un sentiment partagé par Julie, dont le père a été assassiné sur le palier de l’appartement familial il y a près de quinze ans : « La juge traitait ce dossier avec mépris. Si on n’a pas d’empathie, pourquoi faire ce métier ? », s’interroge-t-elle. Le combat commun de ces parents de victimes tient en une phrase : que justice soit rendue. Pour y parvenir, il faut se battre sans relâche.
Justice, le douloureux silence, de Florence Kieffer (Fr, 2017, 70 min).