Tennis : à l’US Open, Kevin Anderson au pied de la montagne Nadal
Tennis : à l’US Open, Kevin Anderson au pied de la montagne Nadal
Par Corentin Lesueur
Le Sud-Africain disputera dimanche 10 septembre sa première finale d’un tournoi du Grand Chelem face à Rafael Nadal, à New York.
Kevin Anderson, à gauche, sera opposé à Rafael Nadal en finale de l’US Open. / JEWEL SAMAD, DON EMMERT / AFP
David contre Goliath. L’affiche de la finale messieurs de l’US Open 2017 s’annonce pour le moins déséquilibrée. Alors qu’une poignée de joueurs se partagent les tournois majeurs des dix dernières années, la qualification de Kevin Anderson, 31 ans, en finale de Flushing Meadows a des allures d’erreur de casting. Une performance vivifiante dans un tennis masculin souvent résumé à quelques joueurs dominants, déjà entrés dans le panthéon de leur sport (Federer, Nadal, Djokovic voire Murray).
« Nous avons la chance de jouer avec certains des meilleurs joueurs de l’histoire, merci à eux de nous laisser notre chance », raillait le géant Sud-Africain – 2,03 m – en référence à la vague de forfaits privant le tournoi de nombreux joueurs importants. Ce serait cependant faire injure à son parcours dans le Queens que d’expliquer la qualification de l’ancien membre du top 10 en finale de l’US Open par la seule absence de plusieurs prétendants au titre.
Ancien numéro 10
Si Anderson fut le grand vainqueur d’un bas de tableau rapidement délesté de ses favoris, d’autres n’ont pas su profiter de l’occasion – rare – de se qualifier pour une finale de Grand Chelem sans faire face à un des épouvantails du circuit. Bien mieux classé qu’Anderson, le Français Lucas Pouille s’est fait sortir dès les huitièmes, comme liquéfié par l’autoroute qui s’offrait à lui jusqu’au match pour le trophée.
En disposant de Pablo Carreno Busta en demi-finales, le natif de Johannesburg est devenu le joueur le moins bien classé à s’inviter en finale de l’US Open. Une prouesse pour celui qui n’avait jamais fait mieux qu’un quart de finale en Grand Chelem – déjà à New York, en 2015. Une performance d’autant moins attendue que le Sud-Africain n’a pas été épargné par les blessures au cours des dernières saisons, contraint de renoncer à l’Open d’Australie en janvier. « Je suis au septième ciel, il y a neuf mois on m’a dit que je devais me faire opérer d’une hanche et maintenant, je suis en finale dans l’un des plus grands tournois du monde », se réjouissait l’ancien numéro 10 à l’ATP après sa qualification.
Armé d’un service parmi les plus efficaces du circuit, Anderson n’a finalement pas eu à s’employer outre mesure durant les deux semaines new-yorkaises. Ne concédant que trois sets en six rencontres, il n’a affronté qu’un joueur du top 20 : Carreno Busta, 19e. Mais c’est un tout autre défi qui l’attend en finale. De ceux que le Sud-Africain n’a jamais réalisés en dix ans de carrière.
Nadal en route vers un 16e titre en Grands Chelems
Avec ses quinze titre en Grands Chelems et une première place mondiale (re) conquise cet été, Rafael Nadal évolue dans une autre catégorie. L’Espagnol jouera dimanche sa 23e finale en majeurs et tentera d’accrocher un 16e titre à sa collection. Ils ne sont d’ailleurs que trois à l’avoir déjà battu à ce stade de la compétition : Djokovic, Federer et Wawrinka. Conscient de l’exploit à réaliser pour enrichir un palmarès garni de trois titres de seconde zone, Anderson, qui ne s’est jamais imposé lors de leurs quatre précédents face-à-face, ne compte pas laisser les commandes de la partie au « rouleau compresseur » espagnol : « C’est l’un des plus grands champions tous sports confondus, c’est un guerrier fantastique, il faudra surtout l’empêcher de prendre le contrôle du court, sinon, cela deviendra très difficile. »
Un deuxième titre en Grand Chelem cette saison, après sa dixième victoire à Roland-Garros en juin, consacrerait définitivement le retour du taureau de Manacor à son plus haut niveau, après une année 2016 gâchée par les blessures. Mais dans le clan espagnol, pas question de sous-estimer un adversaire promis à l’enfer sur le court Arthur-Ashe. « Rafa sera le favori logique, mais j’ai vu jouer Anderson et son niveau de service est incroyable. Etre le favori ne compte pas. Ce qui compte, c’est de bien jouer en finale », prévenait Toni, l’oncle et entraîneur de Nadal, qui accompagnait pour la dernière fois son poulain en Grand Chelem, avant de se consacrer exclusivement à leur académie de tennis, ouverte à Majorque. Pas de doute que son neveu aura à cœur de lui offrir la plus belle des sorties.