LES CHOIX DE LA MATINALE

Au programme ce week-end : le musée imaginaire d’Hervé Di Rosa à Sète ; des marionnettes venues du monde entier à Charleville-Mézières ; Emmanuel Noblet et sa belle adaptation de Réparer les vivants au Théâtre du Petit Saint-Martin ; l’humoriste Haroun au République ; légumes et musique pop à La Villette ; une trilogie Monteverdi à la Philharmonie.

EXPOSITION. Le musée imaginaire d’Hervé Di Rosa, à Sète

L’hiver dernier, à Paris, Hervé Di Rosa présentait une anthologie de ses affolantes collections de voitures et avions miniatures. S’y ajoutaient un couloir entier d’appeaux, une salle qui racontait l’histoire du Musée international des arts modestes (MIAM) qu’il a fondé à Sète en 2000 avec Bernard Belluc, ainsi que des œuvres de l’artiste lui-même. A cet auto­portrait par objets interposés ne manquait qu’un élément : ses ­artistes de prédilection. Celui-ci occupe le MIAM. Aucun connaisseur, si compétent soit-il, n’est capable d’identifier tous les artistes rassemblés : Di Rosa est aussi généreux et imprévisible en cette matière qu’en toute autre. Fernand Léger, Jean Dubuffet, Eugène Leroy, Pierre Molinier, David Hockney : pour eux, aucune difficulté.

Mais ce n’est ici qu’une fraction des œuvres, dans une foule où sont largement majoritaires des artistes vivants beaucoup moins connus : l’excellent Hassan Musa, qui découpe et coud avec une habileté subtile des compositions où toute forme est une allusion ou une parodie ; la manière de dessiner par transferts et rehauts propres à Jean-Luc Verna ; l’apparence d’objectivité des portraits photographiques de Charles Fréger… L’énumération est incomplète. Elle ne cherche qu’à donner envie de se rendre dans ce musée où l’esprit de surprise ne cesse d’être actif. Philippe Dagen

« En toute modestie : Archipel Di Rosa », MIAM à Sète (Hérault). Tél. : 04-99-04-76-44. Jusqu’au 17 septembre.

FESTIVAL. Charleville-Mézières, capitale internationale de la marionnette

Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes - FMTM 16-24 SEPT. 2017 - Charleville-Mézières
Durée : 15:13

Créé en 1961 par Jacques Félix et ses Petits Comédiens de chiffons, et dirigé depuis 2008 par Anne-Françoise Cabanis, le Festival mondial des théâtres de marionnettes rassemble tous les deux ans artistes et spectateurs à Charleville-Mézières (Ardennes) pendant neuf jours. En septembre 2015, la 18e édition avait attiré plus de 168 000 visiteurs. La 19e édition, du 16 au 24 septembre, compte bien battre ce record d’affluence grâce à une programmation de qualité : deux artistes « fils rouges », Agnès Limbos (compagnie Gare Centrale à Bruxelles) et Renaud Herbin, directeur du TJP, CDN d’Alsace-Strasbourg ; une centaine de compagnies françaises et internationales pour quelque 400 représentations ; de nombreux spectacles de rue dans le off et des expositions en accès libre.

Plusieurs thématiques seront mises à l’honneur, notamment le théâtre d’objet avec Agnès Limbos, la relation entre le corps, l’objet et l’image et l’art de la manipulation avec Renaud Herbin, un focus spécial petite enfance… Ce sera également l’occasion de fêter les 30 ans d’existence de l’Ecole supérieure nationale des arts de la marionnette (Esnam), rattachée à l’Institut international de la marionnette (IIM), créé en 1981, avec l’ouverture de nouveaux locaux à Charleville et le spectacle de fin d’année des diplômés de la 10e promotion (2014-2017), d’après Brecht. Comme le souligne sa directrice, Anne-Françoise Cabanis, le festival « répond à l’envie première de montrer l’immense étendue des possibles des arts de la marionnette aujourd’hui. C’est un lieu d’invention et de créativité incroyable ». Cristina Marino

19e Festival mondial des théâtres de marionnettes à Charleville-Mézières (Ardennes). Tél. : 03-24-59-94-94. Du 16 au 24 septembre.

THÉÂTRE. « Réparer les vivants » avec Emmanuel Noblet, à Paris

Emmanuel Noblet, dans son adaptation de « Réparer les vivants », à Avignon, en juillet 2015. / THÉÂTRE DU PRÉAU

Emmanuel Noblet revient à Paris, au Théâtre du Petit Saint-Martin, avec sa très belle adaptation de Réparer les vivants. Le livre bouleversant de Maylis de Kérangal a inspiré au jeune comédien-metteur en scène un spectacle qui mène loin dans les secrets de la vie et de la mort, et qui rencontre un succès fou un peu partout en France depuis deux ans. Tout est d’une justesse parfaite, dans ce spectacle qu’Emmanuel Noblet interprète seul, en un jeu très délicat entre la voix off, le récit et l’incarnation directe. Ainsi se déploie l’histoire racontée par Maylis de Kérangal, qui voit le cœur d’un jeune homme mort faire revivre une femme de 50 ans assez mal en point, dans ce spectacle lumineux et plein de vie. Il a reçu le Molière du meilleur Seul en scène en 2017. Fabienne Darge

Théâtre du Petit Saint-Martin, Paris 10e. Tél. : 01-42-08-00-32. Jusqu’au 31 décembre. Tarif : 33 €.

HUMOUR. Les bonnes réflexions de Haroun, à Paris

Affiche (détail) du spectacle de l’humoriste Haroun au théâtre Le République à Paris. / LE RÉPUBLIQUE

En découvrant Haroun, on ne peut s’empêcher de penser à Gaspard Proust. Même physique de fils de bonne famille, même quasi immobilité sur scène pour que le spectateur se concentre sur le texte, même volonté de balancer un regard ironique sur notre société, ses contradictions, ses absurdités et ses évolutions politiques. Là s’arrête la comparaison entre les deux humoristes. Car ce jeune « stand-upper » prometteur – qui vient d’intégrer la nouvelle émission de Thierry Ardisson, « Les Terriens du dimanche », sur C8 – se veut moins désabusé, moins cynique que son aîné.

Son sujet de prédilection ? Notre hypocrisie interne, « ce que l’on ressent mais que l’on n’ose pas dire, le conflit entre le monde extérieur et nos intérêts ». Nos petites et grandes lâchetés. Avec nonchalance, il trouve que « l’atmosphère est bizarre » en ce début de XXIe siècle. On est tous un peu paumés, et lui aussi. « On est tous plus ou moins écolos, si ce n’est pas trop chiant, ou pas trop cher. La Coupe du monde de football au Qatar se fera dans des stades climatisés, et nous, on culpabilise quand on ne met pas une bouteille dans la poubelle jaune. » Il a, dit-il, choisi d’être humoriste « parce que je suis faible » face à la complexité du monde. « Je ne veux pas être dans le jugement mais intégrer le public à ma bêtise, à mes interrogations sur ce qui vaut la peine d’être vécu. » Loin des codes traditionnels du stand-up, il ne demande pas au public « comment ça va ce soir », ne raconte pas sa vie, mais s’intéresse à nos indignations sélectives, à notre difficulté à nous révolter. Bref, ce trentenaire, en apparence désinvolte, se pose beaucoup de (bonnes) questions à voix haute. Sandrine Blanchard

Le République, Paris 3e. Tél. : 01-47-70-97-96. Jusqu’au 28 janvier 2018. Tarifs : de 22 € à 35 €.

FESTIVAL. Légumes et musique pop à La Villette, à Paris

Requin Chagrin - Adelaïde
Durée : 03:32

Refusant l’image austère accolée par certains, un trio de militants végétaliens a choisi de symboliser par un grand sourire sa passion mêlée des légumes et de la musique pop, le temps d’un festival – Smmmile –, organisé à Paris, du 15 au 17 septembre, dans le parc de La Villette. Pendant que la scène du Trabendo accueillera une programmation fusionnant harmonieusement musiques traditionnelles, groove, électro et pop savante (Bachar Mar Khalifé, Acid Arab, Mykki Blanco, Requin Chagrin, Ata Kak, Pouvoir Magique…), projections, conférences, stands gourmands, ateliers pédagogiques et culinaires répartis dans d’autres lieux du parc (Little Villette, l’auditorium Boris Vian, les Jardins passagers, la Petite Halle…), tenteront de convertir les anciens abattoirs de La Villette à un monde sans viande. Stéphane Davet

Smmmile – Vegan Pop Festival, parc de La Villette, Paris 19e. Du 15 au 17 septembre. Concerts : de 14 à 28 €, forfait 3 jours : 57 €.

OPÉRA. Une trilogie Monteverdi à la Philharmonie de Paris

La trilogie Monteverdi à la Philharmonie de Paris, du 16 au 18 septembre 2017. / M. LISTRI

Après Barcelone, Bristol, Venise, Salzbourg, Lucerne et Berlin, la trilogie Monteverdi, conduite par le chef britannique John Eliot Gardiner, arrive à Paris, 450 ans après la naissance du compositeur italien considéré par l’histoire de la musique comme le père de l’opéra. « Claudio Monteverdi est le premier à avoir propulsé la musique dans notre monde ! affirmait le Britannique en avril dans un entretien au journal La Croix. Il a dédié sa vie et son art à exprimer ici et maintenant toutes les émotions humaines. (…) Il y a dans sa musique la sensualité la plus charnelle et la spiritualité la plus haute. Et dire que seulement trois de ses opéras sont parvenus jusqu’à nous ! Trois seulement mais si géniaux, si divers. » C’est peu dire que les affinités électives de Gardiner, fondateur en 1964 du fameux Monteverdi Choir (créé pour un concert des Vêpres à la Vierge à la chapelle du King’s College de Cambridge), avec l’auteur d’Orfeo, d’Il Ritorno d’Ulisse in patria et de l’Incoronazione di Poppea, sont de notoriété planétaire. Comme le constateront bientôt Chicago et New York. Marie-Aude Roux

Philharmonie de Paris, Paris 19e. Tél. : 01-44-84-44-84. Du 16 au 18 septembre. Tarifs : de 10 € à 85 €.