Plus de 700 maires catalans manifestent à Barcelone, bravant Madrid
Plus de 700 maires catalans manifestent à Barcelone, bravant Madrid
Le Monde.fr avec AFP
Le parquet général d’Espagne a ordonné aux procureurs de Catalogne de citer à comparaître ces maires prêts à coopérer « à l’organisation du scrutin illégal » pour les mettre en examen.
Carles Puigdemont, le président de la Généralité de Catalogne, accompagné des maires favorables au référendum d’autodétermination, le 16 septembre à Barcelone. / Emilio Morenatti / AP
Aux cris de « Nous voterons » et « Indépendance », plus de 700 des 948 maires de Catalogne ont affiché, samedi 16 septembre, à Barcelone, leur détermination à organiser un référendum d’autodétermination pour leur région, malgré les poursuites judiciaires.
Le gouvernement espagnol s’est engagé à empêcher ce référendum déclaré anticonstitutionnel par la justice. Mais plus des deux tiers des maires catalans se sont déjà engagés à ouvrir leurs locaux municipaux pour le vote, convoqué le 1er octobre par l’exécutif indépendantiste de cette région du nord-est de l’Espagne.
Brandissant solennellement leur bâton de maire, les édiles rassemblés au siège du gouvernement régional ont chanté l’hymne catalan, Els segadors, tandis qu’une foule de manifestants, souvent munis de drapeaux indépendantistes, leur criaient de l’extérieur : « Nous sommes avec vous. »
Partisans du référendum d’autodétermination, le 16 septembre à Barcelone. / Emilio Morenatti / AP
Le parquet général d’Espagne avait ordonné mercredi aux procureurs de Catalogne de citer à comparaître ces maires prêts à coopérer « à l’organisation du scrutin illégal » pour les mettre en examen. S’ils ne répondent pas à la convocation, ils peuvent être arrêtés.
Le chef du gouvernement régional, Carles Puigdemont, qui les a reçus, a répondu aux « menaces » du chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, en disant : « Ne sous-estimez pas la force du peuple de Catalogne. » M. Rajoy avait lancé vendredi à l’adresse des séparatistes : « Ne sous-estimez pas la force de la démocratie espagnole… L’Etat de droit fonctionne. »
« Nous ne sommes pas des délinquants »
« Nous ne sommes pas des délinquants », ont déclaré de nombreux élus, dont Josep Sole, 74 ans, maire du village de La Maso (300 habitants) adhérent de l’Association des municipalités indépendantistes. « Cela fait des années que les Catalans réclament plus de pouvoir, surtout en matière fiscale », a-t-il expliqué, en défendant « leur droit à voter ».
Les séparatistes sont majoritaires au parlement régional depuis 2015, mais la société catalane est très partagée sur la question de l’indépendance, selon les sondages. Lors des élections régionales en 2015, les indépendantistes avaient obtenu 47,6 % des suffrages (mais une majorité en sièges) et le camp soutenant le maintien en Espagne 51,28 %. En revanche une majorité de Catalans souhaite pouvoir s’exprimer dans un référendum.
Ana Colau, la maire de gauche de Barcelone, ville de 1,6 million d’habitants où les indépendantistes sont minoritaires, a exprimé samedi sa « solidarité » avec les maires pro-référendum en les recevant à l’hôtel de ville.
La mairie de Barcelone se garde de s’impliquer directement dans l’organisation du vote mais a annoncé cette semaine que les Barcelonais pourraient voter le 1er octobre, sans expliquer comment. M. Puigdemont a ensuite affirmé avoir trouvé un accord Mme Colau.