La Fédération internationale de l’industrie phonographique en guerre contre YouTube
La Fédération internationale de l’industrie phonographique en guerre contre YouTube
Par Nicole Vulser
Dans le panorama 2017 de la consommation de musique, publié mardi, l’IFPI déplore la faible rémunération qu’accorde la filiale de Google aux artistes.
Le logo Youtube sur un smartphone. / DADO RUVIC / REUTERS
En finir avec une distorsion qui perdure et mobiliser les responsables politiques pour que YouTube – la filiale de Google – rémunère enfin les artistes et les producteurs à leur juste valeur, tel est le mot d’ordre une nouvelle fois asséné par Frances Moore, PDG de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI).
Le panorama 2017 de la consommation de musique, publié mardi 19 septembre par l’IFPI, déplore que « le streaming vidéo, dominé par YouTube » ne rémunère pas « justement les créateurs et les producteurs en retour ». L’étude précise que chaque mois, 85 % des utilisateurs de YouTube s’y connectent pour écouter de la musique. Ce qui représente quelque 1,3 milliard d’internautes...
Or, pour chaque utilisateur de YouTube, ce dernier – qui concentre aujourd’hui 46 % des heures dédiées à l’écoute de la musique à la demande dans le monde – n’accorde que une misère au producteur et au créateur : moins d’un dollar par an, là où Spotify paie 20 dollars (16,7 euros), selon l’étude de l’IFPI.
De son côté YouTube, toujours avare de chiffres, affirme avoir reversé plus d’un milliard de dollars à l’industrie de la musique, grâce à la publicité uniquement, entre juin 2015 et juin 2016.
Problème du piratage
Autre enseignement de cette étude : le piratage reste un problème majeur pour la filière musicale puisque « 40 % des consommateurs accèdent à la musique par des voies illicites ». Parmi les techniques utilisées, le « stream ripping » (qui consiste à réaliser une copie pérenne de contenus diffusés en flux ou streaming grâce à un site Web ou une application mobile) est la plus en vogue. Par un peu plus d’un tiers des internautes fraudeurs et davantage encore chez les 16-24 ans (jusqu’à 53 %).
La musique adoucit les mœurs et c’est vrai aussi chez les plus jeunes. Les 13-15 ans utilisent à 85 % des services de streaming musical pour écouter leurs chanteurs préférés.
Cette étude reflète également la montée en puissance des services légaux de musique en ligne, désormais plébiscités par 45 % des consommateurs dans le monde (contre 37 % en 2016). Tous les habitants de la planète ne sont pas égaux face à la musique: les Mexicains, Suédois, Brésiliens, Coréens du Sud et Espagnols figurent, dans un ordre décroissant dans le classement des plus importants utilisateurs des services audio. Américains, Français, Italiens et Anglais arrivent dans la moyenne tandis que les Japonais traînent en queue de peloton.
Si dans l’Hexagone, la radio reste pour le grand public un moyen privilégié pour écouter de la musique, les grands consommateurs et aussi les générations les plus jeunes, préfèrent de loin utiliser leurs smartphones.