L’affrontement Trump-Rohani, la Palestine contre « l’apartheid »… Ce qui s’est dit à l’ONU depuis mardi
L’affrontement Trump-Rohani, la Palestine contre « l’apartheid »… Ce qui s’est dit à l’ONU depuis mardi
Le Monde.fr avec AFP
Les deux premiers jours de l’Assemblée générale des Nations unies ont été marqués par les débuts d’Emmanuel Macron et de Donald Trump, et par les tensions autour du dossier iranien.
Emmanuel Macron et Donald Trump faisait leurs premiers pas devant l’Assemblée générale des Nations unies, dans des discours très attendus. / Drew Angerer / AFP
Les deux premiers jours de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), mardi 19 septembre et mercredi 20 septembre, ont connu leur lot d’invectives. Alors que l’attention internationale est particulièrement retenue par des dossiers centraux comme la menace nord-coréenne, les tensions autour de l’accord nucléaire iranien ou l’accord sur le climat, les chefs d’Etat se sont soutenus, ou affrontés, par discours interposés.
Etats-Unis : Donald Trump fustige les « Etats voyous »
Le président américain n’a pas fait dans la demi-mesure pour sa première intervention devant l’Assemblée générale des Nations unies mardi. Dressant la liste des « Etats voyous », il s’en est pris directement à la Corée du Nord, qualifiant son régime de « mauvais » et « corrompu », avant de le menacer de « destruction totale » si les Etats-Unis étaient obligés « de se défendre ou de défendre [leurs] alliés » contre Pyongyang.
L’Iran a ensuite été la cible de ses critiques. « Nous ne pouvons pas laisser un régime meurtrier continuer ses activités déstabilisatrices (…) et nous ne pouvons pas respecter un accord s’il sert à couvrir l’éventuelle mise en place d’un programme nucléaire », a déclaré M. Trump, qui juge l’accord « honteux ». Il s’est également dit prêt à « de nouvelles actions » contre le Venezuela, en crise depuis l’élection controversée d’une Assemblée constituante en août.
France : Emmanuel Macron se pose en anti-Trump
Prenant l’exact contre-pied de son homologue américain, le président français a défendu le multilatéralisme, la concertation entre les nations, le respect des accords – celui de Paris sur le climat ou celui de Vienne sur le nucléaire iranien –, et la primauté de l’action diplomatique pour résoudre les crises.
Il a répété son opposition à une solution militaire en Corée du Nord et défendu l’accord sur le nucléaire iranien, affirmant que « cet accord ne [serait] pas renégocié, il nous lie (…), nous ne reculerons pas ». Emmanuel Macron veut par ailleurs reprendre l’initiative dans le dossier de la Syrie, et a appelé la communauté internationale « à prendre acte de son échec collectif et à s’interroger sur ses méthodes ».
Israël : Benyamin Nétanyahou menace l’Iran
Le premier ministre israélien a dénoncé mardi un « rideau iranien qui descend sur le Moyen-Orient », et a juré de ne pas permettre à Téhéran de s’établir de manière permanente en Syrie.
« Ceux qui nous menacent d’être anéantis se mettent eux-mêmes dans un péril mortel. Israël se défendra avec toute la force de nos armes et toute la puissance de nos convictions », a-t-il menacé. « Nous agirons pour empêcher l’Iran d’établir des bases militaires permanentes en Syrie, pour ses forces aériennes, navales et terrestres », a aussi assuré le premier ministre israélien.
M. Nétanyahou s’en est aussi pris à l’accord sur le nucléaire iranien, qui ne vise pas, selon lui à contenir les ambitions nucléaires et balistiques de Téhéran, mais lui permet au contraire de développer ses programmes à l’abri de l’accord. C’est le seul chef d’Etat à soutenir Donald Trump dans sa position hostile et son discours agressif envers l’Iran.
Iran : Hassan Rohani riposte aux attaques américaines
Le président iranien a rendu coup pour coup mercredi après le discours offensif de Donald Trump la veille. « Il serait dommage que l’accord soit détruit par des voyous qui viennent d’arriver sur la scène internationale », a lancé M. Rohani, alors que M. Trump avait qualifié l’Iran d’« Etat voyou ».
L’Iran est un pays « qui prône la modération, le respect des droits de l’homme et un engagement constructif dans le monde », a affirmé M. Rohani. « En violant ses engagements internationaux, la nouvelle administration américaine détruit sa propre crédibilité et sape la confiance internationale à son égard », a-t-il ajouté. Le président iranien a insisté sur le fait que Téhéran n’avait « trompé personne » et n’avait « pas été malhonnête », alors que Donald Trump l’accuse de mentir sur son programme nucléaire.
Palestine : Mahmoud Abbas dénonce un « apartheid »
Le président palestinien a demandé mercredi devant l’ONU la fin de « l’apartheid » imposé selon lui par Israël aux Palestiniens, afin de « préserver » la « solution à deux Etats ». « Nous avons la responsabilité et vous avez la responsabilité de mettre fin à l’apartheid en Palestine », a-t-il lancé à l’Assemblée générale des Nations unies à New York.
« Si la solution à deux Etats devait être détruite » par la persistance de cet « apartheid », « ce serait un échec » et « nous n’aurions pas d’autre choix que de poursuivre notre lutte » pour la fin de l’occupation israélienne, a-t-il prévenu.
Mahmoud Abbas a, une fois de plus, exigé la fin de la politique d’extension des colonies israéliennes, après avoir déclaré que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait « rejeté » les offres de la Palestine pour « relancer le processus de paix ». « Il n’y a plus de place pour un Etat palestinien et ce n’est pas acceptable ».
Japon : Shinzo Abe soutient Trump sur le dossier nord-coréen
Le premier ministre japonais a affirmé que son pays, parmi les premiers visés par les menaces de la Corée du Nord, soutenait « la politique américaine » dans la région qui affirme que « toutes les options sont sur la table » pour ramener Pyongyang à la raison. « La gravité de la menace est sans précédent » et c’est devenu « un sujet urgent » à traiter.
Alors que l’attitude à adopter face à Kim Jong-un divise le Conseil de sécurité entre les partisans d’un renforcement des sanctions, voire d’une option militaire – au premier rang desquels, les Etats-Unis –, et les soutiens d’une option diplomatique, Shinzo Abe a déclaré : « Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de dialogue, mais de pression. »